affiche film

© Paramount Pictures France

MISSION : IMPOSSIBLE – FALLOUT

Mission Impossible 6


un film de Christopher McQuarrie

avec : Tom Cruise, Henry Cavill, Rebecca Ferguson, Simon Pegg, Ving Rhames, Sean Harris, Vanessa Kirby, Angela Bassett, Alec Baldwin, Michelle Monaghan


Suite Ă  l’échec d’une mission visant Ă  rĂ©cupĂ©rer une dangereuse cargaison de plutonium, Ethan Hunt et son Ă©quipe n’ont d’autre choix que de s’associer Ă  la CIA afin d’éviter le pire. Des rues de Paris aux montagnes du Cachemire, cette nouvelle mission mettra Ethan face aux pires choix possibles et face Ă  d’anciennes connaissances, amies ou ennemies



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Photo film

L’épisode de trop ?

Il y a trois ans, "Rogue Nation" en avait fait la dĂ©monstration avec brio : pour l’équipe de l’IMF, il n’y a dĂ©sormais plus de rĂšgles ou de procĂ©dures, toutes Ă©crasĂ©es par un gigantesque chaos Ă  l’échelle planĂ©taire dans lequel rĂšgnent en maĂźtre les jeux de dupes, les mascarades identitaires et la paranoĂŻa en surchauffe. Quelle pouvait ĂȘtre la prochaine Ă©tape ? Cette question-lĂ , on se la posait dĂ©jĂ  depuis un bon moment, impatient de voir ce que Tom Cruise et son nouveau futur rĂ©alisateur allaient rĂ©vĂ©ler au grand jour. Manque de bol, "Fallout" fait figure de transgression, pour ne pas dire de trahison. Pour la premiĂšre fois, et sans que l’on sache si cela rĂ©sulte de la tendance du moment (des franchises soumises Ă  la sĂ©rialisation active et aux univers Ă©tendus), la saga "Mission : Impossible" quitte sa zone d’audace pour se reposer sur ses acquis. Pour la premiĂšre fois, un nouvel Ă©pisode de la saga devient la suite directe et affirmĂ©e du prĂ©cĂ©dent au lieu de bĂątir sa propre logique interne, un rĂ©alisateur rempile Ă  nouveau au lieu de laisser sa place Ă  un autre dotĂ© d’un style diffĂ©rent, et le tout prend la forme d’un vaste territoire de clins d’Ɠil et d’autocitations en tout genre qui donnent Ă  ce "M:I-6" (rires) l’allure perturbante d’un "M:I-5.2". S’il y avait bien une chose que l’on souhaitait Ă©viter sur une franchise aussi puissante et intelligente, c’était de se retrouver face Ă  un blockbuster comme les autres.

Est-ce que le fait d’avoir cumulĂ© trois ratages d’affilĂ©e ("La Momie", "Jack Reacher 2", "Barry Seal") aura suffi Ă  convaincre Tom Cruise de viser la capitalisation bas de plafond sur la seule franchise susceptible de le garder en tĂȘte du box-office ? Oui ou non, on s’en fiche un peu. Toujours est-il que "Fallout" ne fait qu’élargir la consistance chaotique d’un "Rogue Nation" dont le degrĂ© de fluiditĂ© et de consistance narrative avait atteint son zĂ©nith dans un final que l’on garde encore en mĂ©moire. Aller plus loin et plus haut aprĂšs une rĂ©ussite aussi dĂ©vastatrice nĂ©cessitait d’évoluer vers d’autres cimes, tant thĂ©matiques que conceptuelles. Or, Christopher McQuarrie ne fait ici que se reposer sur tout ce qu’il avait dĂ©veloppĂ© prĂ©cĂ©demment, avec une manipulation encore plus tarabiscotĂ©e (bon courage pour piger quoi que ce soit au pourquoi du comment lors de l’introduction des enjeux !), un vilain jouĂ© par Sean Harris qui n’a plus rien Ă  dĂ©fendre (si ce n’est avoir l’air encore plus sournois et cruel), des jeux de masques cette fois-ci bien trop tordus et parallĂ©lisĂ©s pour ne pas mettre Ă  mal notre suspension d’incrĂ©dulitĂ©, et des ficelles narratives Ă  la lisiĂšre de la facilitĂ© grossiĂšre – surtout celle qui rend la scĂšne finale extrĂȘmement sensible pour cette tĂȘte brĂ»lĂ©e d’Ethan.

Tout dans "Fallout" Ă©voque une redite au carrĂ© oĂč la formule compte davantage que le thĂ©orĂšme. Chaque scĂšne du film est cimentĂ©e Ă  la maniĂšre d’un passage obligĂ© oĂč la notion de « surprise » n’est plus Ă  l’ordre du jour et oĂč, dans la plupart des cas, la citation sans affect a force de loi sans pour autant paraĂźtre justifiĂ©e (quel intĂ©rĂȘt y avait-il Ă  Ă©voquer la Vanessa Redgrave du premier film au dĂ©tour d’un dialogue cryptique sans aucune utilitĂ© ?). Sans parler du fait que son enjeu humain, Ă  savoir le dilemme de l’espion Ă©cartelĂ© entre le sens du sacrifice et la prĂ©servation du facteur humain, frise dĂ©sormais la tautologie : combien de films – Ă  commencer par les anciens Ă©pisodes de la saga – se sont dĂ©jĂ  pris la peine d’explorer cela, et en mieux ? Face Ă  ce chaos conceptuel dĂ©sorganisĂ©, il ne fallait donc compter que sur l’action pure et la dimension survitaminĂ©e du montage pour ne pas subir le pire ennui possible. LĂ -dessus, pas de souci : les 148 minutes foncent Ă  une vitesse diabolique, mĂ©langeant le trĂšs bon (un duel d’hĂ©licoptĂšres, une poursuite motorisĂ©e dans Paris
) et le moins bon (un plan-sĂ©quence aĂ©rien visuellement hideux) dans un gros tourbillon d’action qui hausse un peu plus le taux de violence et de sadisme Ă  l’écran. Les acteurs, de leur cĂŽtĂ©, jouent chacun leur partition avec le professionnalisme adĂ©quat, mĂȘme si Tom Cruise lui-mĂȘme semble engoncĂ© dans une mĂ©canique trop pĂ©pĂšre. On verra bien oĂč la franchise le mĂšnera aprĂšs une semi-dĂ©ception de cet acabit, mais peut-ĂȘtre qu’oser le film-somme sans idĂ©e nouvelle indique que le point final est de rigueur.

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