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Nina et Lizzy se rencontrent dans un centre spécialisé. Une amitié forte va se nouer entre ces deux jeunes filles juste un peu fragiles mais tellement plus fortes lorsqu’elles sont ensemble... Elles n'ont pas beaucoup de chance, pas d'argent et sont en quête d'amour. Et chaque instant qui passe, chaque rencontre leur ferment un peu plus les portes d'un monde dont elles n'ont pas les clés. Rien en poche, on ne va pas loin. Ou bien on va trop loin…
Avec des œuvres comme "L’Enfant lion" (1992) et "Le Maître des éléphants" (avec Jacques Dutronc, 1995), Grandperret a été un temps catalogué comme réalisateur de films sur l’Afrique noire. Mais c’était sans compter sur la sortie d’un policier avec Dutronc-bis et Karin Viard, "Les Victimes", en 1996. Un échec qui a peut-être éloigné le réalisateur des plateaux de cinéma, si on excepte sa participation au film "Beau Travail" de Claire Denis en 1998. Son retour était d’autant plus attendu par ses admirateurs qu’il s’atèle à un projet de longue date, débuté au milieu des années 70 par Maurice Pialat, disparu en 2003 et auquel le film rend hommage. Inspiré par un fait divers de l’époque, Pialat avait entrepris de nombreuses recherches pour découvrir les motivations de ces jeunes filles et leur parcours qui les a menées au drame. Mais le projet est resté à l’état d'embryon. Et il aura fallu attendre 30 ans pour qu’il soit repris, développé, tourné et enfin diffusé en salles.
Grandperret en tire un drame social intéressant, en se plaçant en observateur et analyste. L’histoire de ces deux jeunes filles paumées est rude à la manière d'un Ken Loach, dérangeante à la manière d’un Ozon et glaçante à la manière d'un Chabrol. Avant un road-movie qui se met en place avec un peu de retard, on découvre séparément deux jeunes filles qui ne vivent plus, qui sont perdues mais qui une fois réunies vont trouver une force pour se battre et un courage supplémentaire pour affronter cette vie qui ne leur fait pas de cadeau. Cela pourrait paraître fédérateur et optimiste mais c’est en réalité une histoire triste et pessimiste qui nous est livrée et dont on connaît dès le départ, l’issue tragique.
Les deux actrices qui se partagent le haut de l’affiche sont d’illustres inconnues mais ne tarderont pas à côtoyer les plus grands. La blonde, Hande Kodja, est une sorte de nouvelle Ludivine Sagnier, pimpante et d’une grande fragilité. Son côté nature plaira à bon nombre de spectateurs. La brune, Céline Sallette, actuellement à l’affiche de "Marie-Antoinette" de Sofia Coppola, est une sorte de nouvelle Lou Doillon, sauvage et indomptable, ce qui la rend encore plus attirante qu’elle ne l’est. Leur performance est à signaler et donne énormément de cachet à ce film dont les nombreux dialogues font aussi souvent mouche… Dommage qu’il tire un peu trop en longueur les jolies côtes de la Charente-Maritime…
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