Dans la région des Météores, en Grèce, vivaient deux religieux, un homme et une femme, séparés par le vide entre leurs deux monastères et par les interdits...
Il se dégage de « Meteora », film grec présenté en compétition au Festival de Berlin 2012, un sentiment de sérénité hypnotique. Partant d'un triptyque, tableau en trois parties peint sur bois, le réalisateur évoque l'attirance de deux religieux orthodoxes, l'un pour l'autre. Leurs deux portraits figurent sur le tableau, entourant le paysage sublime dans lequel ils habitent. Elle, vit dans un couvent situé au sommet d'une formation rocheuse, dans lequel elle monte grâce à une nacelle faite de cordes que hissent ses comparses. Lui, réside dans un monastère situé sur une formation granitique identique, auquel il peut accéder en foulant les innombrables marches d'un immense et interminable escalier.
Entre les deux se trouvent le vide, un bout de ciel, mais aussi un petit mont, surmonté d'un arbre, graine d'un amour naissant, sous la forme d'un désir qui pourra mettre à mal leur serment religieux. Histoire éternelle du péché originel, « Meteora » se déguste telle une fable cruelle et belle, entre scènes champêtres minimalistes et contemplatives, et sublimes moments d'animation durant lesquels le tableau prend vie. Récit basé au 12e siècle, comme le tableau semble l'évoquer, l'histoire se passe néanmoins dans une époque contemporaine (pour ramener les provisions, les femmes hissent notamment des cagettes... en plastique). Un signe que l'histoire entre hommes et femmes se répète, inlassablement, depuis la nuit des temps.
À des années lumière des contes sociaux développés par ses contemporains, tels Yorgos Lanthimos (« Canine » et « Alps ») et Filippos Tsitos (« Unfair world »), Spiros Stathoulopoulos développe une histoire universelle, loin des univers modernes et étranges de ses collègues, mais mêlant diverses techniques. Il retrace des rituels rassurants, dépeignant le risque de perdition (sous les rochers s'ouvrent les enfers...), tout comme la beauté de la passion. Il se permet, au travers des dialogues, de prendre également un minimum de recul par rapport aux écrits religieux (voir l'ignoble conte sur St Jacob). Indéniablement, son film possède une étrange beauté qui imprègne la rétine comme le subconscient. Plus qu'il ne passionne réellement, « Meteora » capte notre imaginaire et nous embarque dans un somptueux et sombre tableau, dont l'animation touche au sublime.
CONTRE : Niveau -2 - La tentation d’un amour frigide
Le film commence par la narration d'un conte, réalisé en animation - sorte d’enluminures en mouvement - qui nous plonge dans une fable spirituelle et mystique autour de la naissance d'un amour impossible entre deux religieux. Ensuite, le réalisateur plante son décor : un paysage splendide, composé de deux montagnes qui se font face, symbole de l’impossibilité pour les deux personnages à se côtoyer. Malheureusement, on regrette déjà son choix d’une caméra DV, qui ne retranscrit pas du tout la beauté des paysages.
Côté scénario, le flirt platonique des deux religieux est peu convaincant. L’idylle met une éternité à se mettre en place. Leur passion semble inexistante. La narration est lente, rythmée par les rites de la vie monacale, son silence et son recueillement. Le tout est ponctué de scènes de dogme religieux, que les brefs passages poétiques apportés par les animations n’arrivent pas à sauver. Et petit à petit, le spectateur sombre dans l’ennui le plus profond.
Le réalisateur arrive toutefois à garder celui-ci attentif grâce aux animations qui dynamisent, structurent et redonnent de l’intérêt à l’histoire. Ces différents passages offrent un aspect visuel et graphique intéressant, tout en apportant une note d’originalité, qui compense la médiocre performance des acteurs. Spiros Stathoulopoulos signe donc ici un film d’auteur très spirituel et contemplatif, où la passion semble malheureusement avoir été oubliée, que ce soit celle de la chair ou celle de la spiritualité.
11-11-2012
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