© The Jokers / Les Bookmakers
Énigmatique individu en provenance d’Afrique du Sud, Jacob King débarque à Los Angeles afin de rechercher sa sœur disparue. En moins de 24 heures, il apprend qu’elle a été assassinée dans des circonstances assez étranges. C’est le début d’une vengeance qui va laisser beaucoup de cadavres derrière elle...
Il est toujours terrible, pour ne pas dire profondément douloureux, de devoir avouer des réserves sur le nouveau film d’un cinéaste dont on est particulièrement admiratif. C’est pourtant l’une des dures lois du 7ème Art, et elle s’applique hélas pour l’un des films les plus attendus de l’année : "Message from the King", alias la nouvelle bombe potentielle du cinéaste belge surdoué Fabrice Du Welz, récemment récompensée par le Grand Prix du public à la dixième édition du festival lyonnais Hallucinations Collectives. Le fait qu’il s’agisse d’un film de commande n’est pas un problème en soi (on est quand même loin de la casserole "Colt 45" ), mais le fait que ce cinéaste animé par une croyance aussi rare que précieuse dans un cinéma viscéral et quasi expérimental (revoir les géniaux "Vinyan" et "Alléluia" pour en avoir un bel aperçu) se soit laissé aller dans un registre plus conventionnel (en gros, le film de « gros dur qui cogne ») laisse échapper une certaine frustration.
Avec une trame narrative tenant sur une moitié de confetti, Du Welz développe ici un univers très archétypal qui rate – ou qui ne cherche pas – à donner de la consistance à ses personnages-clichés (l’étranger vengeur, la pute au grand cœur, les méchants sadiques, etc…) ou à faire de Los Angeles un personnage à part entière – sans doute LA chose qu’il ne fallait surtout pas rater quand on lit le synopsis du film. Nullement topographique dans son idée de plaquer un personnage sud-africain dans la Cité des Anges (territoire hautement schizo en soi, comme en témoignaient déjà les scènes nocturnes de "Collateral"), "Message from the King" ne tient que sur un schéma de série B simpliste et minimale, n’offrant que le strict minimum en matière d’action brutale et de sécheresse psychologique.
Même la réalisation, aussi embellie soit-elle par une photo très soignée (quel plaisir de sentir réellement un tournage en pellicule !), rend ses scènes violentes illisibles par un trop-plein de plans coupés et affaiblit ses flash-backs par des effets de style post-Tony Scott désormais un peu dépassés. Sans parler du fait que l’épilogue s’avère fatal, nous faisant presque comprendre au travers d’un twist assez pataud que le véritable film aurait dû commencer là où il choisit de s’arrêter, à savoir dans un territoire inconnu que ce genre ultra-codifié n’avait pas encore pu exploiter. Tout cela n’enlève certes rien à l’immense talent de Fabrice Du Welz, mais on préférera ne voir là-dedans qu’une petite carte de visite pour les États-Unis sans aucune prise de risque, histoire de patienter en attendant de le retrouver sur des projets que l’on imagine déjà moins sécurisés et plus personnels.
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