© Shellac
Les Mercuriales sont ces deux tours jumelles situées Porte de Bagnolet. Dans la banlieue parisienne elles évoquent des totems d’une grandeur déchue, symboles de la crise. C’est dans ce paysage sinistré qu’évoluent deux filles et un garçon d’une vingtaine d’années, dont les rêves et les illusions se heurtent à la réalité de la société française d’aujourd’hui...
On avait fait l’effort de ne pas se fier à cette affiche hideuse, résultant sans doute d’un montage Photoshop bâclé en cinq minutes. On avait fait l’effort de rester intrigué par le synopsis, pour le coup assez sibyllin, même si l’on craignait de ne pas trouver de narration précise dans ce qui s’apparentait à un premier long-métrage aux allures d’installation plastique. On avait tort. Au-delà de l’enfer que représente son visionnage, "Mercuriales" s’inscrit pleinement dans cette tradition de longs-métrages à vocation expérimentale, se limitant à jouer sur les associations d’idées symboliques et le refus de toute narration calibrée, mais hélas oubliant d’intégrer un vrai point de vue plastique et stylistique au sein de sa mise en scène. Sauf que, si un cinéaste comme Jean-Luc Godard ose de son côté de vraies propositions visuelles (après, on aime ou on n'aime pas), Virgil Vernier fait juste n’importe quoi et n’a strictement rien à illustrer. Et toute la projection n’en finit plus de ressembler à une torture.
Certains esprits intellos pourront sans doute arguer du fait que le film tout entier serait un processus de recherche, axé entre fiction et documentaire, qui tente ici et là d’intégrer du mythologique au sein même du contemporain. Mais si le découpage du film ne crée aucune stimulation chez le spectateur, où est l’intérêt ? Ici, on peine à saisir déjà le sujet, puisqu’il n’y a ni trame ni scénario : tout juste peut-on guetter quelques parallèles sans queue ni tête (ici, les tours jumelles Mercuriales, et là, deux femmes en galère qui jouent les sœurs jumelles : vous saisissez le rapport ?), une flopée de références mythologiques à côté de la plaque (imaginez un plan de quartier urbain nocturne avec une voix off qui récite bêtement les noms des divinités grecques : WTF ?!?), des personnages que le réalisateur laisse de côté sans raison, une absence de narration que l’on essaie de faire passer pour une schématisation du chaos (désolé, mais ça ne marche pas) et des enjeux totalement inexistants. À ce stade, ce n’est plus de la passivité que l’on ressent, c’est juste une sensation d’escroquerie.
Rien ne ressort de ce no man’s land, surtout quand c’est carrément le ridicule qui s’invite à la fête : en guise de spoiler, vous pourrez ainsi voir ici Iron Man se faire désaper dans un club gay, une excavatrice démolir des HLM à la manière d’un dinosaure dévorant sa proie (ah, c’est donc ça, le vrai trailer de "Jurassic World" ?), et tout un tas d’autres trucs gratuits qui ne servent à rien et qui ne racontent rien. Ne comptez pas non plus sur la mise en scène pour relever un peu le niveau, parce que c’est tout le contraire : image Super-16 dégueulasse, cadrages sans le moindre relief, découpage analphabète qui n’assimile jamais l’utilité d’un raccord de plan, bande-son composée avec des moignons sur un synthé Bontempi, etc… On pourrait en rajouter encore dans la calamité que représente ce film, mais ce serait lui faire trop d’honneur. Arrêtons-nous là, donc.
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