© Universal Pictures International France
Alors que sa famille rejette son comportement au point de vouloir l’exorciser, Marie persiste dans son refus de se soumettre aux mœurs de l’époque. Lorsqu’un guérisseur de Nazareth débarque à Magdala, elle comprend immédiatement qu’il est le signe qu’elle attendait…
Le film religieux est un genre extrêmement lucratif, en particulier aux États-Unis où pour un coût de fabrication très limité, ces productions amassent bien souvent les billets verts. Généralement, ces projets s’ancrent à notre époque, dans un récit où une présence divine et/ou des miracles viennent enrichir une histoire dont le seul but est de convertir le public à la foi. Bien loin de ces œuvres propagandistes, et à l’image des projets les plus intéressants ("La Passion du Christ" et "La Dernière tentation du Christ" en tête), "Marie Madeleine" se situe à l’époque même où le Christ aurait foulé notre Terre, s’appuyant en prime sur un casting international monstre (parmi les couleurs francophones, on compte notamment les excellents Denis Ménochet, Tchéky Karyo, Ariane Labed et Tahar Rahim).
Comme son titre l’indique, le métrage s’intéresse à Marie de Magdala, figure trouble des enseignements bibliques, désignée comme « prostituée » des siècles plus tard par une lecture hasardeuse des Écrits Saints, et dont la figure de pécheresse et pénitente demeure encore grandement véhiculée en Occident. Réhabilitée récemment par le Pape François, qui a érigé le 22 juillet comme le jour de sa célébration, l’existence de cette femme continue de passionner exégètes et historiens, mais aussi le cinéaste Garth Davis (à qui l’on doit le déjà très lacrymal "Lion"). Plus que les faits précis, ceux-ci étant évidemment contestables et sujets à de nombreuses versions, le réalisateur y voyait surtout l’occasion d’esquisser le combat d’une femme contre les préjugés d’une société patriarcale, dont l’écho avec notre époque est bien volontaire.
« L’apôtre des apôtres » est ici avant tout un symbole féministe, une fille prête à quitter sa famille et à s’opposer à un mariage forcé au nom de ses convictions. C’est également à travers ses yeux et au son de ses mots que nous seront relatés certains épisodes de la vie de Jésus. Malheureusement, le parti-pris vire bien trop rapidement à la démonstration, à la fresque hollywoodienne emphatique et dégoulinante de bienveillance. Annihilant toute ambition autre que d’apporter un nouvel éclairage sur un personnage biblique, les deux heures de ce film au style boursoufflé paraissent bien longues pour en arriver à un tel résultat. Au milieu de cette guimauve christique, demeurent les solides prestations des deux comédiens les plus magnétiques et envoûtants du moment, Rooney Mara et Joaquin Phoenix. Mais comme le couple sera également à l’affiche du biopic de John Callahan, signé Gus Van Sant, "Dont’ Worry, He Won’t Get Far on Foot", nous serions que trop vous conseiller de plutôt vous diriger vers le deuxième.
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