©Teresa Isasi
Ramón Sampedro est cloué au lit depuis près de 30 ans à la suite d’un accident en mer. Malgré un entourage qui l’aime et l’aide, malgré sa faculté à s’évader pour retrouver la mer dans ses pensées, il ne veut qu’une chose : avoir le droit de mourir. C’est ainsi qu’il s’engage dans une bataille juridique pour obtenir le droit à l’euthanasie. Il reçoit pour cela l’aide d’une jeune avocate, Julia, alors que Rosa, qui l’aime follement, essaie de le convaincre de continuer à vivre…
On se demandait ce que pouvait nous livrer Amenábar en adaptant une histoire vraie telle que celle de Ramón Sampedro. Après un thriller assez classique mais efficace ("Tesis"), une chef-d’œuvre quasi surréaliste ("Ouvre les yeux", dont il avait aussi produit l’inutile remake US "Vanilla Sky") et un film de fantômes ("Les Autres", malheureusement sorti après "Sixième Sens"), passer au drame d’une vie "normale" paraissait un changement de cap important pour le prodige du cinéma espagnol ! Et pourtant, à la surprise générale, il ne s’agit que d’une évolution presque logique de son œuvre et de son style. Amenábar continue d’explorer les limites entre vie et mort et d’apporter à ses personnages plusieurs vies et des amours extrêmes.
Entre onirisme, cauchemar et réalisme, il dresse le portrait de la vie attachante et troublante de cet homme, qui, paradoxalement, donne aux autres l’envie de vivre à travers sa volonté de s’en aller pour toujours. Plein d’humilité comme son personnage, le film se construit autour d’une trame somme toute assez simple, s’évadant de temps à autre dans un univers typiquement amenábarien, notamment dans un survol de paysages comme on en a rarement vu d’aussi beaux ! Comme pour enfoncer le clou de la maîtrise totale, le réalisateur signe une nouvelle fois sa propre bande-son avec ce qui reste probablement sa meilleure composition à ce jour. Evidemment, le film trouve également sa force dans un casting impressionnant, emmené par un Javier Bardem époustouflant et méconnaissable (chapeau pour le maquillage !). On passe tout près du chef-d’œuvre éternel et on a d’ailleurs du mal à dire quel est ce mystérieux petit quelque chose qui manque pour atteindre ce stade d’immortalité cinématographique !
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