affiche film

© Quinta Communications

MANOLETE


un film de Menno Meyjes

avec : Adrien Brody, Penelope Cruz, Ann Mitchell, Juan Echanove, Santiago Segura, Antonio De La Fuente...

Dans les années 40, le plus célèbre des matadors espagnols tombe, lors d'une soirée, sous le charme d'une femme que son manager lui décrit comme une prostituée, semeuse de trouble. Celui-ci n'aura de cesse que de courir après elle...


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Photo film

Un destin trouble et hors normes, diminué par une mise en scène trop sage et illustrative

Il est amusant de remarquer d'emblée, grâce aux images d'archives qui agrémentent, fantomatiques, le générique de début, la ressemblance entre le véritable Manolete et Adrien Brody qui l'incarne à l'écran, dans cette fresque d'une platitude absolue. Malgré le talent des deux acteurs, Pénélope Cruz jouant l'amante vénéneuse, qui fera de sa vie un enfer, le film s'enlise rapidement dans une pénible reconstitution, centrée sur leur histoire d'amour et le soudain désamour des spectateurs pour l'homme lui même.

Pourtant il y a avait là matière à un grand drame, le personnage de Manolete entretenant des rapports des plus étranges avec la sexualité, tout comme la beauté et la célébrité. Mais le réalisateur exploite à peine ces troubles qui tarabustent son personnage, évoquant à la va-vite les faits les plus dérangeants (il appelle sa maîtresse au lit, d'un petit surnom évocateur, il regarde son jeune rival magnifique de beauté avec une jalousie maladive...), et en préférant se concentrer sur un interminable combat final, qui mènera à la blessure fatale.

Alternant de manière maladroite les images de l'arène, du taureau, et de la belle se précipitant en voiture vers le lieu du futur drame, le réalisateur nous livre un moment de non suspense et de ridicule contenu. Car la belle peste, crie et pleure, comme habitée d'une prémonition. Le spectateur, lui, s'agace, d'autant que suivra une longue agonie, le corps ceinturé de visages dépités et d'ennemis redevenus admiratifs et amis. Ce film, qui aurait dû être une ode aux paradoxes, d'une société réduite ici à un jeu dangereux, ne parviendra à dépeindre que l'ombre de son héros, "le plus bel homme laid" que sa maîtresse ait connue.

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