Mertkan est un jeune homme sans ambitions, sans travail et presque sans scolarité. Il vit chez ses parents et mène une vie de pantouflard, où l’absence d’envies et de sentiments caractérisent son quotidien. Gül, qui travaille dans le restaurant où se rend régulièrement Mertkan et sa bande de copains, est éprise du jeune homme et tente de le séduire malgré son désintérêt. Jusqu’au jour où ce dernier, empêtré dans sa monotonie journalière, décide d’accepter (maladroitement) ses avances et découvrir ainsi, l’amour et ses contradictions...
« Majority », film turc, nous montre que le moyen orient sait être mature dans ses approches et sa vision de l’adolescence dans le monde cinématographique. Très (très) loin d’un « Dünyayi kurtaran adam » (Turkish Star Wars), ce film à la photographie intimiste et au rendu général plutôt réussi est simplement réaliste et donc prenant.
Ce dernier s’articule autours de trois relations primaires. Tout d’abord une relation père / fils, des plus traditionnelle (au sens strict) où les désaccords perpétuels vont alimenter le jeu scénaristique des deux personnages. Ensuite, la relation entre Mertkan et Gül, sorte de remake de Roméo + Juliette à la sauce turque, sans piment, mais à l’image de la triste et insipide vie de Mertkan lui même. Enfin, la troisième relation est sa relation avec le monde extérieur : ses amis, son travail. Tout cela, il le repousse et finalement ne cherche qu’à s’émanciper d’une certaine manière, à travers la recherche de l’approbation de son père qui rejette sa romance amoureuse du fait des origines de Gül, issue d’une petite minorité.
Elle qui va pourtant tenter de lui faire découvrir l’amour, la sexualité, la générosité tout cela dans le chaos et la maladresse la plus totale. Et c’est ainsi que le spectateur prend conscience de l’absence totale de sentiments de la part du jeune homme. Seule la lassitude subsiste régnant au plus profond d’un épouvantail en mal d’inspiration. Puis subtilement tout s’enchaine émotionnellement, la découverte de la mort, des déchirures, de l’amour et de son désarroi ; un conflit terrible et des relations envenimées. La marmite chauffe, chauffe et Seren Yüce, proche de l’explosion, nous laisse découvrir une fin très subtile, implicite.
« Majority » fait parler de lui, il agace, dérange et fait réfléchir. Tout cela fait de lui un bon film qui –quand même- traine parfois la patte le long de plans séquences d’observation au goût de somnifère. Il n'en reste pas moins une bonne caricature de la famille turque traditionaliste pro-nationaliste.
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