© Mars Distribution
Charles et Juliette devaient mener la vie de famille rêvée dans leur nouvelle demeure éloignée du tumulte parisien. Mais lorsque celui-ci se retrouve licencié, c’est la jeune mère qui va prendre les choses en main pour pouvoir continuer à rêver. Jusqu’à franchir la barrière de la loi…
Non, jeune adolescent aficionado de Tal, "Maintenant ou jamais" n’est pas le film sur l’histoire de son duo avec le rappeur Dry. Et heureusement pour nous, car ce métrage-là a de nombreuses choses des plus intéressantes à nous raconter, ce qui aurait été plus compliqué dans la première hypothèse – même si la rédaction d’Abus de Ciné n’a absolument rien contre la chanteuse. Ici, tout commence comme un conte de fées. Charles et Juliette sont des parents heureux qui viennent d’acquérir une magnifique bâtisse. Et alors qu’ils s’imaginaient déjà croupir des jours heureux dans ces murs encore en construction, le licenciement du mari va tout bousculer. Juliette, galvanisée par l’amour, va alors s’associer avec un petit voyou pour essayer de sortir sa famille de la précarité. Peu importe s’il faut employer des moyens illégaux…
Pour son deuxième passage derrière la caméra, Serge Frydman dresse le joli portrait d’une femme battante, mère louve prête à tout pour protéger les siens, dans une économie d’effets stylistiques bienvenue. Usant des silences et des regards au lieu de multiplier les dialogues, préférant la puissance évocatrice des images au surlignage numérique, le réalisateur prend le risque de banaliser son œuvre, quitte à la rendre ennuyeuse. Mais cette nonchalance d’apparence démontre, au contraire, une maîtrise parfaite de son intrigue, s’éloignant du réalisme des premiers instants pour se rapprocher d’un romanesque plus surprenant.
Bien évidemment, cette fable sociale doublée d’une romance prévisible souffre de plusieurs invraisemblances. Mais celles-ci s’effacent derrière le charisme des deux comédiens principaux, Leïla Bekhti, épatante une nouvelle fois, en tête. Tourné en cinémascope pour encore plus valoriser ses acteurs, le film repose avant tout sur les liens qui se nouent entre les deux protagonistes. Mais à trop se focaliser sur l’histoire, le metteur en scène en a presque oublié de donner une signature au métrage, lissant considérablement l’objet.
Néanmoins, malgré ces quelques maladresses, "Maintenant ou jamais" demeure un manifeste subtil contre la crise. Refusant le manichéisme et le moralisme, le film n’a pas pour but de défendre les agissements des uns ou des autres. Dans ce monde où les banquiers sont l’ennemi, tout est gris, et le réalisateur nous laisse face à notre libre arbitre pour juger ou non des actes de ce duo d’apprentis malfrats. Injectant de l’ambiguïté avec parcimonie, le réalisateur parvient à combattre les apparences, complexifiant ainsi son récit. Et chacun de ces niveaux de lecture participe à renforcer notre satisfaction face à cet objet filmique bien moins classique qu’il ne le paraissait…
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