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Dans l’Écosse du XIe siècle, le chevalier Macbeth sort victorieux d’une guerre terrible qui ravage tout son pays. Sur le chemin du retour, il rencontre trois sorcières qui lui prédisent un glorieux destin : il deviendra roi. Macbeth fait part de cette prophétie à son épouse, qui le pousse dès lors à ourdir un plan machiavélique pour accéder au trône du royaume. Une machination qui les pousseront tous deux vers les limites de la folie, jusqu’à en perdre la raison...
"Macbeth" au cinéma, c’est une sacrée affaire qui, d’ailleurs, ne date pas d’hier. De la magnificence baroque de la version d’Orson Welles en 1948 jusqu’aux débordements gore de celle de Roman Polanski en 1971, bien des réalisateurs se sont appliqués à revisiter à leur manière la pièce violente de Shakespeare, peinture de la descente aux enfers d’un chef guerrier aveuglé par sa soif de pouvoir et sa croyance dans les prophéties environnantes. Dans ce genre-là, c’est peu dire qu’on ne donnait pas cher de la version chapeautée par Justin Kurzel ("Les Crimes de Snowtown"), déjà au vu de la force visuelle et dramaturgique des deux films précités, ensuite en raison de sa position de dernier film de la compétition cannoise (le soupçon d’une « erreur de programmation » sur la Croisette vient souvent de cette dernière place). Et si Kurzel n’apporte rien de bien neuf sur le texte shakespearien et sur l’intrigue en tant que telle, c’est sa mise en scène lyrique et esthétisante qui prend le dessus pour tenter d’offrir une nouvelle approche de l’œuvre.
Le temps d’une introduction immédiatement scotchante où les ralentis accompagnent des assauts d’une violence barbare, le tout sous un ciel brumeux qui écrase les silhouettes dans l’immensité de paysages minéraux, c’est tout juste si l’on ne pense pas au "Valhalla Rising" de Nicolas Winding Refn, auquel le film semble vouloir se connecter sur le plan esthétique et expérimental. À vrai dire, c’est plutôt une fausse piste : hormis quelques effets de style très impressionnants (dont un dernier quart d’heure rougeoyant qui va assez loin dans l’esthétisme) et une flopée de cadrages sophistiqués sur des décors en clair-obscur, le film reste plutôt conventionnel dans son visuel, finalement assez proche d’un emballage de film moyenâgeux à la réalisation plus que carrée. Kurzel soigne ici chaque composante de sa mise en scène jusqu’à l’obsession, parfois sans que cela soit nécessaire – les ralentis sont parfois un peu accessoires. Mais sa façon d’épurer la pièce de Shakespeare afin de privilégier l’impact graphique et formel donne souvent naissance à de magnifiques cadres de cinéma.
Le réalisateur peut aussi compter sur ses deux acteurs principaux pour faire taire les réfractaires à ses partis pris. On se réjouira de retrouver une Marion Cotillard toujours aussi performante dans la noirceur contenue et le travail sur l’accent (écossais cette fois-ci), mais sa brillante prestation ne fera pas le poids face au jeu impressionnant de Michael Fassbender. À la fois beau et mystérieux, animal et mutique, cet acteur multi-facettes ne pouvait que trouver dans la folie de Macbeth un parfait véhicule à mouliner de la colère torturée et de la tyrannie incontrôlée comme ont pu le faire les plus grands en leur temps (même Orson Welles !). Ce que "Macbeth" pourra offrir de plus beau à son audience sera ce magnifique paradoxe : un film entièrement régi par le jeu démesuré de son acteur principal, ce dernier lui dictant à lui tout seul la ligne directrice du récit, lui imposant sa rage et son énergie interne, le maintenant en équilibre au-dessus du précipice. Un Prix d’interprétation cannois n’aurait peut-être pas été de trop…
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