affiche film

© Pyramide Distribution

MA’ ROSA


un film de Brillante Mendoza

avec : Jaclyn Jose, Julio Diaz, Andi Eigenmann, Kristofer King, Mercedes Cabral, Felix Roco, Jomari Angeles, Maria Isabel Lopez


Rosa vit avec son mari Nestor et ses quatre enfants dans une petite Ă©picerie au sein d’un quartier pauvre de Manille. Pour s’en sortir financiĂšrement, elle est contrainte de faire du trafic de stupĂ©fiants. Un soir, des policiers ripoux dĂ©barquent chez eux en raison d’une dĂ©nonciation anonyme et embarquent les deux parents au commissariat. Les enfants sont dĂ©sormais les seuls Ă  pouvoir payer la caution qui permettra Ă  leurs parents de retrouver la liberté 


3
Photo film

Une nuit au poste

Aller voir en salles un film de Brillante Mendoza est toujours la promesse d’une immersion totale dans un cadre hyperrĂ©aliste, avec ce que cela peut comporter de secousses et de sensations fortes. Des travellings virtuoses dans le cinĂ©ma porno de "Serbis" jusqu’à la longue marche tropicale de "Captive" en passant par les inoubliables ambiances nocturnes de "Kinatay", ce rĂ©alisateur philippin sait clouer son audience au fauteuil et redĂ©finir un style d’un film Ă  l’autre. D’une certaine maniĂšre, "Ma’ Rosa" sera difficile Ă  ranger dans cette catĂ©gorie. En optant pour la durĂ©e rĂ©elle d’une situation terrible dans les nuits agitĂ©es de Manille (comme dans "Kinatay") et en y ajoutant une nouvelle intrigue d’entraide familiale (comme dans "Lola"), Mendoza semble s’ĂȘtre un peu rĂ©pĂ©tĂ© pour une fois. Reste que sa camĂ©ra rĂ©ussit encore Ă  crĂ©er de puissants after-shocks


Au dĂ©but, avouons-le, il y a de quoi avoir un peu peur : entre une camĂ©ra portĂ©e qui abuse des plans instables et/ou flous (le chef opĂ©rateur a visiblement du mal Ă  faire le point
) et qui va mĂȘme jusqu’à intĂ©grer l’action par accident (l’un des personnages se cogne involontairement Ă  la camĂ©ra avec son coude !), on sent dĂ©jĂ  venir le ratage pseudo-documentaire. C’est pourtant mal connaĂźtre Mendoza, artisan d’un cinĂ©ma immersif et sans concessions, qui enregistre la vie d’un quartier en donnant Ă  sa camĂ©ra le relief d’un Ɠil perdu, d’un tĂ©moin Ă©garĂ©, obligĂ© de se raccrocher aux informations qu’il glane ici et lĂ . D’oĂč une situation en temps rĂ©el, ici traduite en des termes topographiques : arrestation dans l’épicerie (scĂšne gĂ©niale), interrogatoires musclĂ©s au poste par des flics ripoux, quĂȘte monĂ©taire dans les rues de Manille par les enfants du couple arrĂȘtĂ© (vendre une tĂ©lĂ©, se prostituer, etc.). Si le film brasse lĂ  encore des thĂšmes fĂ©tiches du cinĂ©aste (surtout la corruption des forces policiĂšres et l’oppression des classes sociales les plus dĂ©munies – incarnĂ©es notamment par Jaclyn Jose, prix d’interprĂ©tation fĂ©minine Ă  Cannes 2016), il tient en haleine jusqu’à un dĂ©nouement brillant, privilĂ©giant la suspension Ă  la rĂ©solution. Cela nous suffit amplement.

Donnez votre avis (0)

Partager cet article sur Facebook Twitter