© Mars Films
Lorsque Mildred et Richard Loving ont décidé de se marier, ils ne pensaient pas que leur union allait profondément changer le droit américain. Car elle est noire et lui blanc, ce qui n’est pas commun dans les années 50. Sauf que lorsque l’état de Virginie décident de les condamner, le couple va se battre, pour faire triompher l’amour au-delà des préjugés raciaux…
Les histoires humaines derrière les grandes décisions judiciaires sont une matière dont raffole Hollywood. Lorsqu’il s’est avéré que Jeff Nichols allait se retrouver derrière la caméra pour immortaliser le couple bien-nommé Loving, la crainte et l’excitation se sont mêlées à l’annonce. La peur de voir un des cinéastes les plus brillants sombrer dans une uvre explicative et académique. L’envie de découvrir comment le réalisateur allait bien pouvoir s’emparer d’une intrigue calibrée pour les Oscars. Immédiatement, les premières minutes rassurent notre cinéphilie. Pas d’artifice lacrymal, pas de long monologue, le métrage sera sobre et pudique à l’image de ce couple qui n’a jamais chercher la glorification ou la célébrité mais simplement le droit de vivre leur amour comme n’importe qui d’autre.
Car Mildred et Richard sont un couple au quotidien tout ce qu’il y a de plus banal, des petits jeunes de la campagne à l’existence interchangeable avec leurs voisins. Sauf qu’elle est de couleur noire et lui est blanc comme neige. Et dans l’Amérique ségrégationniste des années 50, une telle union est très mal vue, au point que l’état de Virginie où ils ont établis leur foyer les condamne à la prison. Dans un élan de générosité, la Cour leur propose quand même d’échapper à toute sanction judiciaire s’ils déguerpissent pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Mais eux ont décidé de s’aimer là où ils le désiraient, point de départ d’une lutte judiciaire qui mettra fin aux lois anti-mariages mixtes. Refusant le biopic grandiloquent, Jeff Nichols se focalise sur l’intime, suivant les péripéties des Loving sur plus de dix ans, avec un sens minutieux de l’ellipse.
Néanmoins, si le film gracieux est indubitablement marqué de la patte du réalisateur américain, que ce soit dans ses nombreux silences éloquents ou dans cet art de transformer les étendues du Sud en peintures poétiques, il s’agit de son projet le moins personnel et ainsi peut-être le plus décevant. Alors que le rapport à la paternité constituait l’âme de son cinéma et que ses fulgurances esthétiques et scéniques transcendaient son propos, “Loving” est un brin trop classique. Probablement parce qu’il s’efface au maximum pour que ce racisme ordinaire soit retranscrit avec le moins d’effets, Jeff Nichols suit malheureusement un peu trop le chemin tracé du mélodrame oscarisable (osant même quitter la sphère de la cellule familiale pour s’intéresser vulgairement aux deux avocats dont les séquences n’apportent absolument rien). Malgré ces défauts, “Loving” demeure un hommage fort et intense à un couple qui mérite largement toutes les louanges pour leur courage.
LA BANDE ANNONCE
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais