©Pathé Distribution
Un célèbre acteur (Bill Murray) se retrouve pour quelques jours en escale à Tokyo, le temps de tourner une publicité pour une marque de Whisky. En pleine crise conjugale, errant dans son hôtel, il fait la connaissance de la jeune épouse (Scarlett Johanson) d'un photographe très coté (Giovanni Ribisi), qui semble éprouver un ennui proche du sien…
Après Virgin Suicides, Sofia Coppola réussit un nouveau coup de maître, en mettant en scène une sorte de pause temporelle dans l'existence de deux êtres des plus anodins. Bercé dans un premier temps par une musique aérienne, nous plongeant dans des décors déshumanisés, dans l'ambiance feutrée mais impersonnelle d'un salon de grand hôtel, le film bascule, après la rencontre des deux âmes en mal de dialogue, vers des couleurs plus chaudes et des lieux de vie extérieurs.
Et on croit à cette histoire de communication et de complicité entre deux êtres d'âges éloignés. Avec une grande classe et toujours autant de cynisme, Bill Murray joue les adultes désabusés, masquant sous les traits du respect, ses tourments et désirs. La réalisatrice se permet quelques parenthèses imaginaires qui sont les bienvenues. Et le charme de la nouvelle venue Scarlett Johanson, opère sans difficulté, entre fragilité et volonté de vivre. Lost in translation est une histoire sans fioritures, toute en douceur et subtilités, dont la force déchirante se mesure uniquement avec le temps.
2ème avis: par un connaisseur du Japon
Je suis sorti du cinéma avec une drôle d'impression, un mélange de mélancolie et de sourire au plus profond de l'âme. Car Lost In Translation est un de ces films qui vous caresse de façon presque imperceptible, au point de vous réchauffer profondément un jour de grand froid. Construit comme un voyage, ce film est un hymne à la découverte de l'Autre, l'autre avec un grand A. Tout y est carrefour: carrefour de la vie, un homme en pleine crise de la quarantaine et une jeune fille qui réalise ses premières erreurs en matière de sentiments; carrefour du temps: un pays qui est un subtil mélange de moyen âge et d'électronique; carrefour des cultures: une civilisation où les codes n'ont rien de commun avec ceux des autres peuples.
Ayant moi même séjourné assez longuement au Japon, je dois dire que Sofia Coppola a fait un excellent travail sur les plans chronologique et kynesthésique. L'arrivée où l'on ne comprend rien à ces gens si accueillants, si souriants, qui deviennent tout d'un coup si odieux, sévères et méchants. La tendance à généraliser ces comportements professionnels et à vouloir fuir le pays au plus vite. La découverte ultérieure d'autres individus avec qui on va sortir toute une nuit pour terminer dans les Karaoke et les Patchinko, au rythme des néons et des écrans vidéo géants sur buildings luminescents, et finalement l'émergence d'un amour profond pour ce pays si différent qu'on ne veut plus quitter et qui prend une place indélébile dans notre âme et dans la construction de notre être tout entier.
Ce qui est très fort de la part de Sofia Coppola pour son 2e film, c'est d'associer la profonde remise en question qui atteint toute personne séjournant au Japon, avec l'ouverture de deux blessures de l'âme pour les deux personnages principaux, ouverture déclenchée par ce choc des civilisations, et finalement guérie en partie grâce à toutes ces différences entre les deux cultures.
Lost In Translation est un film qui certes n'atteindra pas les taux de fréquentation des blockbusters. C'est en tout cas un grand film, car il concerne une chose que le cinéma américain ne cesse d'oublier: l'humanité de chaque individu. C'est finalement la confirmation du talent de Sofia Coppola, qui si elle est la fille de son père, n'a nullement acheté son talent, sa finesse, et sa perception de l'humanité. Foncez voir Lost in Translation.
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