Un jeune malien, prénommé François, se retrouve dans l'armée. Son oncle, militaire, lui a trouvé une femme de 18 ans. Un homme blanc peint des fresques dans des cavernes. Trois hommes lisent un livre sur les peintures réalisées par François Augieras dans des bunkers...
Incompréhensible. C'est le mot qui qualifie certainement le mieux à la fois le prix du meilleur film décerné au film espagnol « Los pasos dobles » au Festival de San Sebastian 2011, et la teneur du long-métrage lui-même. S'agit-il d'une expérience artistique en soi, reliée par l'apparition même de Miquel Barceló, peintre catalan partageant son temps entre Espagne et Mali et réalisant de fausses peintures rupestres ? La mise en parallèle de ce film avec un documentaire, « El cuaderno de Barro », réalisé également par Isaki Lacuesta et sélectionné aussi à San Sebastian, pourrait le faire penser. Car en effet ce dernier relate un happening artistique intitulé « Paso Doble », projet éphémère mis en place au Mali par Miquel Barceló, peintre, et par Josef Nadj, chorégraphe. S'agit-il d'une évocation onirique d'un pays constamment écartelé entre esprit tribal, aspirations poétiques et incessantes guerres civiles ? Les variations de genres, allant du film contemplatif au western, pourraient nous en persuader.
Mais le réalisateur de « La noche que no acaba », à force de refuser toute construction linéaire, perd le spectateur en route. D'autant que celui-ci ne sait pas vraiment de quoi tout cela parle, ni à quoi rime l'évocation de ce peintre français, François Augieras, dont le double contemporain parcoure son pays, refusant le déterminisme de l'armée et des bandes intéressées par l'or. Certes quelques jolies idées poétiques sont lancées çà et là, marquant les esprits. Elles évoquent souvent le fait de s'isoler du monde ou d'être double. Ainsi, on apprendra que los pasos dobles (les pas doubles), c'est la capacité de se déplacer tout en effaçant ses traces ; que le meilleur moyen de se cacher, c'est d'inventer quelqu'un d'identique (un double) et de l'envoyer parcourir le monde ; ou encore, par le biais d'une devinette, que la chose qui se cache pour travailler... est soit un voleur, soit un termite.
Bref, tout cela est bien joli, mais finit par confectionner un fourre-tout, doté de quelques envolées de mise en scène qui ne font pas avancer grand-chose, mais dynamisent tout de même un film hésitant entre culture africaine et occidentale, voire latine. Si l'on considère qu'il s'agit là d'une tentative de marier les deux, on restera forcément sur sa faim. Heureusement, reste la dynamique partition composée par Gerard Gil, qui donne à certains passages des allures de western aux relents mexicains. C'est bien maigre.
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