© Rezo Films
Un jeune espagnol débarque à Londres en bus. Il compte les lits dans lesquels il s'incruste chaque nuit pour ne pas avoir à payer. Ceci jusqu'au 21ème lit, dans une sorte de Squat, où il va partager la vie d'un couple anglais, et à partir duquel il va pouvoir partir à la recherche de son père, qui a quitté sa mère lorsqu'il avait 3 ans...
"London nights" est un film bouleversant, dressant le portrait d'une génération d'adolescents paumés, ne sachant pas réellement, soit s'impliquer, soit définir sa propre voie. Au travers de ces destins croisés d'un immigré espagnol, d'un couple anglais libre et d'une immigrée française, le réalisateur enfonce le clou d'une douce errance quotidienne, dans laquelle peuvent vite s'enliser ceux qui ne savent pas où ils veulent aller.
Le film débute sur une compatibilité des lits dans lesquels le jeune espagnol a pu passer, mais ce principe de narration ne sera pas généralisé, ne revenant que lorsque celui-ci trouvera son propre lit au sein du squat qui l'accueille. Le réalisateur choisit de s'attarder sur les moments où le monde se suspend, lors de soirée arrosée et enivrantes de musiques, dans lesquelles on va jusqu'à oublier ce qu'on est, mais aussi ce qu'on fait. Il met en évidence les manques de chacun de ses personnages, leur façon de tâtonner, de découvrir les autres. Il sait également mettre en évidence les moments où le temps s'arrête, parfois en pleine confusion des genres, où les corps de frôles, et les caresses se font chaleur.
Il réussit à filmer une très troublante scène d'amour adolescente, sans voyeurisme aucun, loin de la crudité du cinéma d'un Larry Clark. Dans ces nuits londoniennes, la chair est oubli mais aussi réel plaisir. La séduction est réelle, mais elle s'accompagne du mensonge et de milliers d'incertitudes, de peur de décevoir l'autre en étant pas celui qu'il ou elle attend. De quoi donner à réfléchir sur ce qui fait sa propre personnalité d'adulte, et comprendre que dans la vie, il faut savoir aller à son rythme, savoir attendre de sentir prêt, ceci sans jamais renoncer à ses rêves.
2ème avis – Des quêtes semées d'embûches
Pour son second long-métrage, Alexis Dos Santos s'intéresse aux errances londoniennes de deux jeunes de 20 ans, Axl et Véra. Il met ainsi en parallèle leurs parcours, leurs galères, leurs rêves... Axl (Fernando Tielve) débarque tout droit d'Espagne et espère retrouver son père qui l'a abandonné à l'âge de 3 ans. Véra (Déborah François) essaie de se reconstruire après une histoire d'amour qui a mal fini.
"London Nights" (titre original : "Unmade Beds" c'est à dire les "lits défaits") raconte donc l'histoire de deux jeunes paumés, en quête de leurs propres identités. Quête semée d'embûches puisqu'Axl oublie tout lorsqu'il a bu (et il boit souvent) et que Véra a l'impression de toujours prendre la mauvaise direction. Tout au long du film, ils titubent, se cognent un peu partout, tentant en vain de comprendre ce qui leur arrive. Pour les aider dans leur "aventure", le réalisateur nous offre toute une galerie de personnages plus "cassés" les uns que les autres, rencontrés dans l'entrepôt qu'ils squattent ou lors de soirées. Ainsi, le film devient vraiment touchant et, grâce à une bonne distribution, on s'attache réellement à tous ces personnages. On les voit avancer (difficilement) ou jouer avec le hasard. Alors, lorsqu'ils atteignent leurs buts, on s'en réjouit, car quelque part, on retrouve un peu de soi-même dans leurs vies.
Pourtant, on ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine impression de déjà-vu, si l'on pense à "Juno" de Jason Reitman (histoir des aventures de Juno McGuff - Ellen Page - qui tombe enceinte à seulement 16 ans). Elle aussi se cherche, elle aussi a du mal à avancer. Et rien que le look de Déborah François nous rappelle un peu trop celui d'Ellen Page ... C'est donc bien dommage de se rendre compte que le réalisateur invente bien peu et ne fait que "surfer" sur la vague.
Cependant, il faut rester honnête : la ressemblance s'arrête là et le film possède d'autres points forts. Tout d'abord, on peut apprécier sa bande originale pur "british" : un vaste aperçu de la nouvelle scène rock anglaise avec des groupes comme "Good Shoes" ou "Mary and the Boy". Ensuite, "London Nights" renferme également une esthétique à ne pas négliger. Son grain un peu passé, un peu flou, participe à la mise en place de la psychologie des personnages. Enfin, Alexis Dos Santos travaille beaucoup sur les sensations, notamment le toucher, qui lui permettent de réaliser quelques très beaux plans et de tisser un lien intime entre son univers et les spectateurs.
Eleonore Sclavis
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