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Une famille tsigane arrive dans un petit village de la France occupée de Vichy. L'administration les empêche de circuler librement sous peine d'être déportés. Grâce à l'aide du maire et d'une institutrice résistante, ils pourront éviter les camps. Mais à quel prix ?
Le titre tient sa promesse, « Liberté » est un film éminemment engagé. Il retrace un épisode encore jamais évoqué d'une période pourtant archi connue dans tous les manuels d'histoire. Les roms ont en effet été déportés: sur les deux millions de tsiganes vivant en Europe pendant la guerre, 250 000 à 500 000 d’entre eux, ont été exterminés par les nazis. Le film donne le ton dés les premières images : gros plan sur les barbelés d'un camp que le vent agite comme les cordes d'une cithare mélancolique. Puis c'est l'arrivée en fanfare, presque théâtrale de la famille tsigane tout en bruits, en musique, en couleurs et joie de vivre. Tout le monde se prête sans rechigner aux formalités administratives qui voulaient à l'époque que chaque individu se présente à la mairie avec son carnet anthropométrique à son arrivée. Petit coup de tampon, et ils pouvaient s'installer.
Des liens se créent rapidement avec l'institutrice, une républicaine convaincue, Mademoiselle Lundi, qui insiste pour que les enfants suivent sa classe, et le maire, Théodore, un vétérinaire au grand cœur. De jour en jour, la vie s'organise autour du feu et du campement. Taloche, le doux dingue de la famille joué par un James Thierrée habité, est le personnage qui porte la parole tsigane. Au rythme du violon, il parcourt la campagne, en animal littéralement possédé par la liberté, empreint d'une poésie folle et d'une pureté touchante. Paradoxalement, lui sait ce que son infinie sensibilité a déjà capté, quand le reste de la famille est encore à la fête : un drame à l'échelle de l'humanité toute entière est en train de se jouer.
On retrouve comme dans tous les films relatant cette douloureuse période, tout le processus malheureusement classique de la déportation : la gestapo qui rôde, les contrôles inopinés, les interrogatoires musclés, l'organisation secrète de la résistance, tout est déroulé jusqu'à la sentence finale de la déportation. Le maire, Théodore, est un Juste, de ceux qui n’acceptent pas sans broncher une telle inhumanité. Il vendra aux gitans l’une des maisons dont il a héritées pour pouvoir les libérer. Les libérer du camp de déportation, mais les enfermer tout aussi tôt entre les quatre murs d’une maison.
Tony Gatlif, dans ce film, dont il a eu envie depuis ses tout débuts dans le cinéma, réussit à donner aux scènes de vie une certaine légèreté quand le sujet est grave, et à mettre en lumière à la fois, la couleur d’une Bohême sans clichés, et son contexte historique qu’on connaissait jusque là, sans forcément savoir.
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