© Independencia Distribution
Sur un bateau de pêche, les filets se remontent à la force des machines, dans un bruit infernal, ramenant à la surface des poissons voués à être découpés...
Il ressort de ce film expérimental, une étrange sensation de chaos, portée par un rythme hypnotique, calé sur l'aspect tanguant du puissant bateau de pêche, que l'on suit dans ses épreuves quotidiennes face à une nature forte et menaçante. Tout au long du métrage, la mise en scène s'attache à nous faire sentir les vagues, l'ondulation du navire (la caméra tangue le long de la coque, elle s'éloigne puis revient au plus près, les poissons vont et viennent dans leurs récipients...). Et au fil du film une étrange sensation s'empare de nous, le monstre issu des fonds marins (évoqué à plusieurs reprises dans la Bible, notamment dans les Psaumes) est peut-être là, menaçant... il s'agit peut-être du bateau lui même, métallique, froid, source de gestes machinaux et monstrueux (la sortie des filets, la découpe des poissons...).
Privilégiant clairement le ressenti à toute forme de narration, "Leviathan" aligne les images fortes, des hordes de mouettes qui suivent le navire aux dents métalliques des filets voués à racler les fonds marins, suggérant le danger lié aux vagues ou à un potentiel chavirement. Du coup, il est presque dommage qu'au milieu de ce bruyant cauchemar, s'installe une soudaine accalmie, permettant au spectateur de pénétrer au cœur du navire. Montrant certes les marins dans une semi-humanité repue, tels des ogres qui s'endorment à table après un bon repas, ce passage casse le rythme si durement installé. Reste un impressionnant travail sur le son et l'obscurité, transformant ces images documentaires en véritable plongée cauchemardesque dans une mer aussi inquiétante que le bateau lui-même.
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