Tout est relatif

« Les winners » est de ces petits films sur les petites gens, qui traitent de leurs ennuis financiers, de leurs petites magouilles pour s'en sortir, mais gardent un esprit résolument positif et profondément moral. Tout en dressant le portrait d'une famille moyenne américaine, dans laquelle le mari cache ses déboires à sa femme, le scénario va peu à peu esquisser celui d'une autre famille, décomposée, où le petit fils ne connaît pas le grand-père, et où la mère fait fuir son fils.

Certains diront que trop de bonnes intentions tue la générosité d'un script avant tout centré sur ses personnages, leurs difficultés à communiquer, à partager leurs souffrances pour mieux les surmonter. Le petit-fils, dont le personnage de Giamatti veut d'abord se débarrasser, canalise la sienne au travers de la lutte, sport devenant au fil du récit un symbole de résistance face à l'adversité. Une jolie idée qui vient en même temps ouvrir la porte à la comédie, dans cette nouvelle œuvre de l'auteur de « The Visitor ».

Paul Giamatti (« Sideways », « Le Monde de Barney ») porte une nouvelle fois cette production indépendante sur ses épaules. Il compose ici un vrai gentil, pris au piège de ses propres manipulations, utilisant l'argent qu'il touche, non pas pour maintenir le grand-père à domicile, mais pour sa famille, espérant ainsi concrétiser une certaine vision du « gagnant-gagnant » prôné par les capitalistes. Mais il y a forcément des laissés-pour-compte dans l'affaire, car l'envie de s'en sortir (de la drogue, de la misère...) demande souvent une bonne dose de confiance, en soi et en les autres.