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Les Tuche sont les as du chômage, du système D, du mauvais goût et de la glandouille. Mais quand Cathy Tuche gagne 100 millions d'euros à l'Euroloterie, Jeff emmène toute la famille à Monaco pour y commencer une nouvelle vie, bien loin de leurs habitudes de Bouzolles...
L'argument de départ ressemble à un « Bienvenue chez les Ch'tis » à l'envers : des gens simples du Nord s’en vont vivre dans le Sud et sont confrontés à une vie bien différente en apparence. Dès le début, donc, on espère qu'Olivier Baroux aura plus de talent que Dany Boon pour nous emmener vers des terrains un peu plus disgracieux et moins clichés. Peine perdue ! Les gags et répliques sont effectivement en partie irrévérencieux, mais ils s'insèrent dans une histoire tout aussi niaise que celle de Boon, pleine de bienveillances (aucun personnage n'est humilié, même les plus désagréables) et de morales bien-pensantes (un comble pour un film qui revendique « les Simpson » comme influence !).
Baroux joue ainsi à l'équilibriste et n'arrive pas à trouver une homogénéité dans le ton. Ni dans le rythme d’ailleurs, car l'histoire s'enlise : plus on avance, plus ça devient lourd et on attend impatiemment la suite qu'on devine toujours très vite, alors que Baroux disperse ça et là des gags et autres parenthèses qui ne font pas toujours avancer l’histoire. La volonté de suivre tous les personnages devient tout aussi problématique, notamment pour le frère (et son homosexualité refoulée) ou pour la sœur (hypnotisée par les feux d’une hypothétique célébrité), qui ne remplissent pas efficacement leur mission de personnages secondaires à cause de la volonté de traiter aussi leur histoire individuelle. L’ensemble devient alors un puzzle assez infâme et foutraque, qui aurait sans doute mieux fonctionné si Baroux avait assumé un style plus à la « Petit Nicolas » avec un enchaînement de situations comiques face auxquelles l’histoire sous-jacente se serait effacée pour ne servir que de lien.
Mais Baroux ne parvient pas à choisir et on ne peut que se voir contraint de subir l’histoire et ses grosses ficelles en espérant une prochaine bonne réplique (car il y en a, et cette mauvaise mise en valeur a de quoi frustrer). Quant aux personnages, ils sont tantôt trop caricaturaux tantôt pas assez, et certains (les richards surtout) ne sont pas crédibles pour un sou (l’amitié entre Cathy et Mouna ne tient pas la route une seconde). Jean-Paul Rouve reprend manifestement – et avec bonheur – son rôle de « Radio Bière Foot » de l'époque des Robins des Bois, mais le tenir pendant 1h35 peut s'avérer fatigant. C'est tout de même Rouve qui s'en tire le mieux, aux côtés de Claire Nadeau, excellente en mamie déboussolée, seul personnage secondaire vraiment réussi. Notons aussi quelques participations brèves mais sympathiques, comme celles de Pierre Ménès, Pascal Vincent, Omar Sy... et Kad Merad, évidemment. Pas de quoi rattraper les nombreuses maladresses de la mise en scène. « Un pour Tuche, Tuche pour un », dit la devise des personnages. Pour nous, c'est plutôt « Tuche à l'abri » !
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