affiche film

© UGC

LES TEMOINS


un film de André Téchiné

avec : Johan Libereau, Michel Blanc, Emmanuelle Béart, Sami Bouajila...

En 1984, un homme mûr (Michel Blanc) fait la connaissance d'un jeune homo qui finit par s'installer chez lui, en toute amitié. A l'occasion d'un week end en bord de mer, il fait la connaissance d'un couple de bourgeois, puis trouve un emploi saisonnier dans un camping...


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Photo film

Les années sida vues de l'intérieur

Avec 'Les témoins', André Téchiné revient à ses thèmes de prédilection, la famille, l'homosexualité et la perte des illusions. Après 'J'embrasse pas' et 'Les roseaux sauvages', son nouveau film nous livre sa version des premières années du sida, à partir de l'histoire d'un couple, de leur ami homo et de son jeune protégé, dont les destins seront intimement liés sur près d'une année et demi. Autour de ces quatre personnages, dont la tolérance et la liberté vont être régulièrement mises à l'épreuve, il construit un récit en trois parties, découpé en deux étés et un hiver, correspondant au 'bonheur', à 'la guerre' et au 'recommencement'.

Empreint d'une certaine lucidité distante, son film aborde sur un ton juste divers aspects de la sexualité. Du vieil homo qui avoue que la véritable discrimination réside dans l'âge, au couple libre qui a des amants, mais n'en parle pas, Téchiné scrute les comportements et se sert du sida comme catalyseur des frustrations et espoirs de chacun. Ainsi, la maladie recrée un lien essentiel entre le médecin (l'homo d'âge mûr) et son jeune ami tant espéré. Elle devient l'objet des craintes des autres, et donc le sujet qui oblige à se poser la question de l'adultère et des pratiques de chacun, de par ses implications possibles.

A partir de 1984, le Sida entre ainsi avec fracas dans les vies de personnages jusque là optimistes. En tête d'affiche, Johan Libereau ('Douches froides') confirme tout son talent, en incarnant un jeune homo souriant et positif, une vision rare à l'époque. Béart, Blanc et Bouajila complètent le quatuor, insufflant tour à tour vie et espoir à un récit difficile. Téchiné, lui, même s'il se trompe d'un an (il situe Marcia Baila des Rita Mitsouko en tube de l'été 84 alors qu'il s'agissait de 85...), filme toujours aussi bien l'été, et crée un contraste vif entre les chapitres du film, entre beauté et chaleur des extérieurs (notamment de la partie située dans une pinède de bord de mer) et morosité et pluie hivernales, correspondant aux doutes et combats intimes. Malgré la laideur d'un générique en envahissantes lettres rouges, surdramatisant les destins contrariés mis en avant, on ressort de ces Témoins, non pas bouleversé, mais remué. Un film qui fait remonter à la surface quelques souvenirs et rappelle que la maladie est toujours là.

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