© Pathé Distribution
À Londres en 1912, un groupe d'activistes souhaitant le droit de vote pour les femmes se fait connaître par des actions d'éclat et appelle à la désobéissance civique. Maud Watts, une jeune ouvrière de blanchisserie, se laisse peu à peu convaincre par ces idées considérées alors comme une menace par le pouvoir en place. Surveillée, elle va se retrouver en première ligne lorsqu'une de ses collègues, tabassée, se retrouve dans l'impossibilité de témoigner devant une commission qui examine le sujet...
Assez classique dans sa forme, ce film historique produit par Film Four a le mérite de réunir un casting haut de gamme, pour un sujet éminemment politique. Revenir sur une des pages cruciales dans la lutte pour le droit des femmes relevait certes du devoir de mémoire et laissait présager d'une fresque classique, mais permet de replacer les avancées de la France par rapport à un autre pays comme la Grande-Bretagne. Et comme le fait le générique de fin, de recaler les dates auxquelles les femmes ont acquis ce droit fondamental (il n'y a pas si longtemps parfois, même dans des pays comme la Suisse).
Carrey Mulligan, au personnage fragilisé par ses attaches (son mari, son fils...), incarne la difficulté à s'engager et à embrasser une cause qui peut coûter beaucoup. La pression sociale est ici incarnée à la fois par son employeur, profitant de sa position de pouvoir, la police (Brendan Gleeson, monolithique à souhait) chargée de dissuader ces dames de passer à l'action, mais aussi par ce mari (Ben Whishaw vu dans "Le Parfum" et surtout "Lilting"), dont l'autorité et surtout l'image sont remises en cause par les agissements de sa moitié. Enfin, Helena Bonham Carter donne corps à une pharmacienne engagée, tandis que Meryl Streep incarne (brièvement) la fugitive en chef, reine mère protégée par toutes ses ouvrières.
L'ambiance de travail de la blanchisserie est formidablement bien rendue (sueur, bruit...), les gestes méticuleux de l'héroïne contrastant avec la brutalité des lieux. Caméra à l'épaule dans les moments les plus tendus, Sarah Gavron décrit les processus d'exclusion qui s'engagent, le silence complice des femmes environnantes, les tortures physiques en prison et la tentation des actes extrémistes. Efficace et pédagogique, "Les Suffragettes" apporte au final sa pierre à un édifice militant qui a toujours aujourd'hui ses raisons d'être, les inégalités hommes-femmes étant plus visibles que jamais, et certains retours en arrière menaçant.
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