affiche film

© Potemkine Films

LES RENCONTRES D’APRÈS MINUIT


un film de Yann Gonzalez

avec : Kate Moran, Niels Schneider, Nicolas Maury, Eric Cantona, BĂ©atrice Dalle

Dans un luxueux appartement, un jeune couple et leur domestique attendent leurs convives pour participer, comme à leur habitude, à une orgie. Un à un, les différents invités arrivent, mais la soirée dépasse rapidement les promesses attendues



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Photo film

Branlette chic pour porno toc ?

Pour son premier long projet, Yann Gonzalez nous livre un projet Ă©tonnant et dĂ©tonnant, aussi bien dans sa forme que dans son fond. À la lecture du pitch, on pouvait imaginer une Ɠuvre plutĂŽt classique malgrĂ© l’audace du sujet : une orgie est organisĂ©e chez un jeune couple ; « l’étalon », « l’adolescent » ou encore « la chienne » Ă©tant les surnoms donnĂ©es aux diffĂ©rents protagonistes. Mais trĂšs rapidement, on dĂ©couvre un mĂ©trage atypique, qui dĂ©passe largement le cadre de son postulat de dĂ©part, pour nous transporter dans un univers fantasmagorique.

Multi-rĂ©fĂ©rencĂ©, hommage aux films d’horreurs comme aux sĂ©ries Z, "Les Rencontres d’aprĂšs-minuit" plonge le spectateur dans une atmosphĂšre thĂ©Ăątrale Ă  la limite entre le porno chic et la comĂ©die de boulevard, avec l’extrĂȘme esthĂ©tisation comme fil conducteur. Et lĂ , est l’un des pires dĂ©fauts du film ! En oubliant le spectateur, le film dĂ©laisse l’orgie pour la branlette intellectuelle, nous assaillant de rĂ©pliques mĂ©taphoriques et symboliques, se prenant bien trop au sĂ©rieux pour crĂ©er une quelconque Ă©motion.

Le rĂ©alisateur nous expose alors son jeu des sept familles, sept personnages stĂ©rĂ©otypĂ©s dont il cherche Ă  saisir la moelle pour faire avancer son rĂ©cit. En jouant avec l’image des comĂ©diens les plus connus, le metteur en scĂšne parvient Ă  crĂ©er de vĂ©ritables saynĂštes comiques, en particulier via le personnage d’Eric Cantona, dont sa virilitĂ© est ici en adĂ©quation avec son anatomie. Mais une fois encore, les maladresses s’accumulent, et lĂ  oĂč on aurait aimĂ© de la passion, on ressent Ă  peine un Ă©moi, lĂ  oĂč le film se veut incandescent, il est Ă  peine chaud, et lĂ  oĂč le film se rĂ©clame subversif, il finit par ĂȘtre trĂšs consensuel.

NĂ©anmoins, ce premier long-mĂ©trage bĂ©nĂ©ficie d’une patte visuelle indĂ©niable, d’un esthĂ©tisme qui permet de magnifiques sĂ©quences oniriques et de belles envolĂ©es lyriques. Et si la qualitĂ© des dialogues est Ă©galement indiscutable, le sens du verbe et les joutes verbales qui parcourent le film Ă©tant la vĂ©ritable force de l’Ɠuvre, "Les Rencontres d’aprĂšs minuit" finit rapidement par Ă©nerver. Les diffĂ©rentes digressions de cette fable Ă©rotico-fantastique raviront les cinĂ©philes les plus ardus, mais Ă©loigneront considĂ©rablement le spectateur lambda.

Car Ă  trop chercher les effets de style, Yann Gonzalez oublie l’essentiel, Ă  savoir nous raconter une histoire. S’il parvient Ă  capturer la quintessence des films surrĂ©alistes des annĂ©es 70, cette tentative expĂ©rimentale finit par devenir une farce, une simple coquille vide. On nous avait promis une partouze, on a dĂ» se contenter de simples prĂ©liminaires
 Ce projet hybride, bien trop bavard, est finalement tuĂ© par sa propre ambition. Mais pour la beautĂ© de l’image, il faudra suivre attentivement l’évolution de la carriĂšre de Yann Gonzalez.

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