© Potemkine Films
Dans un luxueux appartement, un jeune couple et leur domestique attendent leurs convives pour participer, comme Ă leur habitude, Ă une orgie. Un Ă un, les diffĂ©rents invitĂ©s arrivent, mais la soirĂ©e dĂ©passe rapidement les promesses attenduesâŠ
Pour son premier long projet, Yann Gonzalez nous livre un projet Ă©tonnant et dĂ©tonnant, aussi bien dans sa forme que dans son fond. Ă la lecture du pitch, on pouvait imaginer une Ćuvre plutĂŽt classique malgrĂ© lâaudace du sujet : une orgie est organisĂ©e chez un jeune couple ; « lâĂ©talon », « lâadolescent » ou encore « la chienne » Ă©tant les surnoms donnĂ©es aux diffĂ©rents protagonistes. Mais trĂšs rapidement, on dĂ©couvre un mĂ©trage atypique, qui dĂ©passe largement le cadre de son postulat de dĂ©part, pour nous transporter dans un univers fantasmagorique.
Multi-rĂ©fĂ©rencĂ©, hommage aux films dâhorreurs comme aux sĂ©ries Z, "Les Rencontres dâaprĂšs-minuit" plonge le spectateur dans une atmosphĂšre thĂ©Ăątrale Ă la limite entre le porno chic et la comĂ©die de boulevard, avec lâextrĂȘme esthĂ©tisation comme fil conducteur. Et lĂ , est lâun des pires dĂ©fauts du film ! En oubliant le spectateur, le film dĂ©laisse lâorgie pour la branlette intellectuelle, nous assaillant de rĂ©pliques mĂ©taphoriques et symboliques, se prenant bien trop au sĂ©rieux pour crĂ©er une quelconque Ă©motion.
Le rĂ©alisateur nous expose alors son jeu des sept familles, sept personnages stĂ©rĂ©otypĂ©s dont il cherche Ă saisir la moelle pour faire avancer son rĂ©cit. En jouant avec lâimage des comĂ©diens les plus connus, le metteur en scĂšne parvient Ă crĂ©er de vĂ©ritables saynĂštes comiques, en particulier via le personnage dâEric Cantona, dont sa virilitĂ© est ici en adĂ©quation avec son anatomie. Mais une fois encore, les maladresses sâaccumulent, et lĂ oĂč on aurait aimĂ© de la passion, on ressent Ă peine un Ă©moi, lĂ oĂč le film se veut incandescent, il est Ă peine chaud, et lĂ oĂč le film se rĂ©clame subversif, il finit par ĂȘtre trĂšs consensuel.
NĂ©anmoins, ce premier long-mĂ©trage bĂ©nĂ©ficie dâune patte visuelle indĂ©niable, dâun esthĂ©tisme qui permet de magnifiques sĂ©quences oniriques et de belles envolĂ©es lyriques. Et si la qualitĂ© des dialogues est Ă©galement indiscutable, le sens du verbe et les joutes verbales qui parcourent le film Ă©tant la vĂ©ritable force de lâĆuvre, "Les Rencontres dâaprĂšs minuit" finit rapidement par Ă©nerver. Les diffĂ©rentes digressions de cette fable Ă©rotico-fantastique raviront les cinĂ©philes les plus ardus, mais Ă©loigneront considĂ©rablement le spectateur lambda.
Car Ă trop chercher les effets de style, Yann Gonzalez oublie lâessentiel, Ă savoir nous raconter une histoire. Sâil parvient Ă capturer la quintessence des films surrĂ©alistes des annĂ©es 70, cette tentative expĂ©rimentale finit par devenir une farce, une simple coquille vide. On nous avait promis une partouze, on a dĂ» se contenter de simples prĂ©liminaires⊠Ce projet hybride, bien trop bavard, est finalement tuĂ© par sa propre ambition. Mais pour la beautĂ© de lâimage, il faudra suivre attentivement lâĂ©volution de la carriĂšre de Yann Gonzalez.
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