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Agent de footballeurs, José passe une semaine par mois en Afrique pour y repérer des talents prometteurs. Lorsqu’il tombe sur Yaya, un jeune prodige de Côte d’Ivoire, il l’emmène rapidement en Belgique pour le transformer en champion. Mais là-bas, rien ne va se dérouler comme prévu…
Il y avait un sujet génial ici : derrière la grosse farce corrosive censée torpiller de l’intérieur le cirque footballistique pouvait alors se dissimuler une vision à la fois juste et mordante des problèmes de communication (et d’intégration) entre l’Europe et l’Afrique. Sport populaire et réconciliateur par excellence, le football se voit ici défini comme un tragique accélérateur d’intégration, absorbant dans son siphon de jeunes joueurs africains ayant quitté leur famille pour se transformer en brebis égarées, larguées sur le banc de touche d’une équipe de seconde zone au cœur de la Belgique. Avec deux Benoît au programme, l’un devant la caméra (c’est Poelvoorde, fidèle à son énergie et à sa gouaille) et l’autre derrière (c’est Mariage, qui avait déjà fait "Les Convoyeurs attendent" et "Cowboy" avec le premier Benoît), il y avait de quoi espérer le meilleur pour porter cette vision tragique et cocasse vers les sommets de la « dramédie ». Peine perdue : même si on ne sort pas pour autant le carton jaune, la projection du film ressemble vite à une succession de fausses promesses.
Certes, on saura gré à Benoît Mariage d’évacuer nos craintes d’un éventuel délire beauf postcolonial par l’intermédiaire du personnage joué par Poelvoorde (qui joue ici un sacré beauf, macho et affreusement raciste) ou d’oser le politiquement (très) incorrect dans quelques scènes (dont celle chez le ministre, peut-être la plus osée). Mais son mélange de tendresse et de pathétique, s’il trouvait toujours chaussure à son pied à travers des sujets ancrés dans une certaine réalité sociale, tourne ici totalement à vide. La faute à une narration prévisible qui ne trouve jamais le ton juste pour créer le rire ou le malaise (ou un mélange des deux), mais aussi à un Benoît Poelvoorde qui semble se complaire dans un registre qu’il a lui-même déjà essoré jusqu’à plus soif. Et ne parlons pas d’un scénario moins corrosif que clairement mélodramatique, amenant son récit vers un happy-end qui sonne comme une anomalie au vu de la cruauté du propos. Triple bilan des "Rayures du zèbre" : un sujet fort gâché par un traitement bien trop sage, servi par un scénario sans surprise qui abat toutes ses cartes dès le premier quart d’heure, le tout avec un acteur exubérant qui a déjà tout donné et qui tourne désormais un peu en rond. Pour le coup, c’est vraiment regrettable.
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