© Cinéma Saint André-des-Arts
Plusieurs poètes évoquent leur rapport à leur art. Et ils déclament une partie de leur uvre ou de celle d’autres auteurs...
La poésie est peut-être partout, on s’en réclame ça et là, on la dénigre parfois (souvent ?). La cerne-t-on pour autant ? En connaît-on les limites (éventuelles) et la variété ? C’est sans doute ce qui a conduit Xavier Gayan à réaliser ce documentaire. L’atout apparent de ce film est de nous dresser un aperçu hétérogène de cet art en partant à la rencontre de quatorze poètes – dix hommes et quatre femmes - , essentiellement français mais pas seulement, s’ouvrant un peu aussi au multilinguisme malgré la dominante francophone.
Passées ces intentions et ces efforts de diversité, le film déçoit par une certaine platitude et un manque cruel d’idées cinématographiques. Si un tel documentaire aurait toute sa place dans la programmation d’Arte, sa projection au cinéma laisse un peu perplexe (notons d’ailleurs qu’il a d’abord été édité en DVD en 2016 avant de trouver le chemin de quelques salles obscures). Grosso modo, il s'agit d'un enchaînement assez bancal d’extraits d’entretiens, entrecoupés de plans sur l’urbanisme ou des éléments naturels, posés là comme une volonté d’illustration poétique du contenu (une poésie visuelle bien peu inspirée et minimaliste). Le plus souvent, on peut s’abstenir de regarder l’image, le son seul étant auto-suffisant (...pourtant ce n’est pas de la radio).
Si certain-e-s poètes s’avèrent passionnants et/ou déroutants, si certain-e-s montrent une réelle connexion avec le monde qui les entoure (et surtout les humains, leur lectorat compris), d’autres désappointent par leur conformité aux clichés intello-masturbatoires-dans-leur-bulle qui collent à la peau des écrivains de leur espèce ! La forme du documentaire n’aide pas vraiment à passer au-delà de ces tristes impressions, ne réveillant la curiosité du spectateur que trop ponctuellement. Sauf peut-être si on est déjà un aficionado de la poésie, et c’est bien là le problème : ce film ne permet aucunement d’ouvrir les frontières et de rendre la poésie accessible aux non-habitués.
On retiendra donc ceux qui émeuvent, par leur parcours comme par leurs textes. Et on aura tendance à les oublier, à l’exception notable de Charles Pennequin, qui est le seul à réellement dynamiser le documentaire (et l’un des seuls aussi à être filmé de manière plus graphiquement travaillée). Finalement, plutôt que la diversité retenue, on aurait sans doute préféré un documentaire centré sur lui !
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