© Pyramide Distribution
Davaï Théâtre est une compagnie qui se produit l’été, de ville en ville, dans des stations balnéaires. Alors que l’une des comédiennes se blesse durant la tournée, empêchée de continuer de jouer, elle est remplacée au pied levé par une ancienne de la troupe mais qui avait eu une relation avec le chef de la bande et dont l’épouse ne voulait plus entendre parler…
Le théâtre à travers le prisme du cinéma ne date pas d’hier. Ici Léa Fehner se remémore ses propres souvenirs d’enfance, quand elle était dans une troupe itinérante. La vie en caravane, les uns avec les autres, formant ensemble une « famille ». C’est cet aspect qui est formidablement mis en avant dans "Les Ogres". Pour le meilleur comme pour le pire ! On embarque joyeusement et « foutraquement » avec cette bande bigarrée d’hurluberlus, formée d’enfants insouciants, de parents (ir)responsables, d’hommes et de femmes embarqués sur un même bateau ivre pour vivre ensemble la même aventure. Sauf que les personnalités ne s’accommodent pas forcément toutes entre elles. Les histoires du passé, les histoires de famille, les histoires tout court trimballent avec elles les rancoeurs, les malaises et les conflits qui en découlent.
Et dans cette troupe, certains "Ogres" rôdent. Ils ou elles bouffent les plus faibles. Le chef de bande est l’un des plus féroces, jetant son venin sur sa femme, sa fille, son meilleur ami. La finesse d’écriture du scénario est aussi belle que la réalisation est intense, enjouée et vivifiante. D’un côté, on est immergé dans la psychologie de chaque personnage, tous très écrits, complexes, un peu blancs, beaucoup noirs, de l’autre on est baladé sur une musique tzigane dans un tourbillon de vie qui nous donnerait presque le tournis. Ces personnages, on les suit avec amour, admiration, bienveillance. Ils sont forts, incroyables, surprenants et ne laissent jamais indifférents, dans les bons moments comme dans les plus inattendus…
Pour les interpréter, un casting quatre étoiles s’offre à nous. Adèle Haenel parfaite comme à son habitude : solaire, brute et douce à la fois. Marc Barbé, qui explose à l’écran, en homme mystérieux, touchant et piquant. François Fehner, véritable révélation en diable avec une tête de Bouddha, qui dit toute la complexité de son rôle et de son jeu. Lola Dueñas, enfin, la pin-up fragile qui, d’un regard, d’un mordillement de lèvre, vous sèche sur place. Dans ce petit microcosme, synthèse symbolique de la complexité et de la diversité de notre monde, les comédiens s’en donnent à cœur joie et le résultat à l’écran est encore plus troublant. C’est à une magnifique ode au théâtre, à l’art, à la liberté, à l’amour et à la vie que "Les Ogres" nous convie.
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