© Arizona Films
En soirée, dans un appartement parisien, Anna fait la rencontre de Théodore et décide de finir sa nuit avec lui dans le mystérieux parc des Buttes Chaumont. Ce qui n’était au départ qu’une escapade romantique, un jeu, devient une habitude, voire une obsession. Chaque soir, dès la nuit tombée, ils franchissent les grilles du parc pour, ensemble, respirer la nuit…
Le film s’ouvre sur la voix délicate d’Agathe Bonitzer. Elle nous conte un instant l’histoire du Parc des Buttes Chaumont pour s’arrêter, évasive, sur les mystères que le lieu renferme. Finies les images d’archives et les prises de vue de l’endroit, le récit documentaire s’arrête pour nous entraîner au milieu d’une soirée, dans un appartement parisien. C’est là que le personnage d’Anna (Agathe Bonitzer) fait la rencontre de Théodore (Pio Marmaï). Abandonnant la fête, ils décident de finir la nuit ensemble dans le parc. Les nuits suivantes seront à la fois semblables et différentes, ils se retrouveront chaque soir pour passer les grilles et entrer dans ce monde interdit et inconnu.
« Les Nuits avec Théodore », deuxième long-métrage de Sébastien Betbeder, respire la nature et la nuit. C’est les sens déployés qu’il nous fait entrer dans ce lieu inconnu pour les uns, appréhendé le jour par les autres. Chaque soir, le jeune couple avance dans la pénombre et disparaît dans la nuit. C’est juché sur la branche d’un arbre que l’on retrouve Pio Marmaï, les yeux grands ouverts et la respiration lente. Comme une chouette guettant la nuit, il observe les quelques visiteurs nocturnes aux pratiques étranges. Et à mesure que le personnage de Théodore se fond dans le lieu, Anna assiste avec peine au délitement de son couple venu s’enfermer derrière des grilles trop hautes pour lui.
« Le scénario était très peu écrit » nous confie son réalisateur. Dans cette improvisation réfléchie, Sébastien compose avec les personnages, le lieu et ses cachettes, jusqu’à demander au spectateur de lâcher prise pour se laisser porter. La musique, aussi éclectique que les images, permet ce voyage et vient trouver sa place entre les arbres du parc. Compositeur fidèle au réalisateur, Sylvain Chauveau travaille avec l’atmosphère du film et nous livre une bande originale très sonore, en accord parfait avec l’âme du lieu.
Mélangeant les formes, de la fiction au documentaire, des plans semblables à des tableaux, aux images dérobées de touristes pique-niquant dans le parc, en passant par les images d’archives des années 30, c’est un travail à la fois cinématographique et plastique que nous livre son réalisateur. Tout se mêle et s’accorde dans une sensibilité fine. Chaque spectateur pourra y trouver ce que le lieu lui inspire et laisser de coté ce qu’il ne veut pas prendre. Finalement, ce petit film a tout d’un grand.
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais