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Ă la veille de NoĂ«l, Sam et son meilleur ami Khalid jouent les PĂšre NoĂ«l aux Galeries Lafayette. Mais Sam cache cette situation Ă sa petite amie, quâil aime terriblement. Ă un moment, il se retrouve sollicitĂ© par des enfants et forcĂ© ainsi de leur raconter une histoire. Ce sera lâhistoire dâAladin⊠Ou plutĂŽt la sienneâŠ
RĂ©ussir Ă nous donner envie de rĂ©habiliter le â finalement pas si mauvais â "Iznogoud", film de Patrick BraoudĂ© avec MichaĂ«l Youn, il fallait quand mĂȘme oser. RĂ©ussir Ă nous faire rĂąler devant une Ă©niĂšme comĂ©die française oĂč les qualitĂ©s dâĂ©criture et dâhumour sont inversement proportionnelles au budget Ă©talĂ© sur lâĂ©cran, câest en revanche devenu une habitude pour nos rĂ©alisateurs (euh pardon, nos intermittents issus de la tĂ©lĂ©vision, je voulais direâŠ). Mais lĂ , le rĂ©sultat dĂ©passe Ă ce point les limites du tolĂ©rable quâil constitue un cas dâĂ©cole pour le moins Ă©difiant. Ă bien des Ă©gards, "Les Nouvelles Aventures dâAladin" est un film quâil est indispensable de voir, histoire de sentir Ă quel point lâarnaque qui sous-tend 90% de la production comique hexagonale va tout Ă coup devenir claire comme de lâeau de roche pour le spectateur lambda. On ne peut que remercier le scĂ©nariste (euh pardon, le gars qui ne sait pas Ă©crire, je voulais direâŠ) dâavoir osĂ© un truc pareil, exploitant par accident la plus fatale des mises en abyme.
Histoire de bannir une fois pour toutes ce soupçon dĂ©plorable qui agite une large partie de la sphĂšre critique vis-Ă -vis des comĂ©dies françaises (qui seraient soi-disant vouĂ©es Ă ĂȘtre systĂ©matiquement dĂ©truites par coutume, si lâon en croit les remarques de certains producteurs), on va dâabord sâattacher Ă clarifier les choses. Ce qui rend la plupart de nos comĂ©dies si pauvres et si mauvaises ne se rĂ©sume pas tant au fait que lâhumour rĂ©ponde souvent aux abonnĂ©s absents (ça reste une question trĂšs subjective), et encore moins au fait que les ingrĂ©dients proposĂ©s soient en majeure partie issus de la sphĂšre tĂ©lĂ©visĂ©e (logique : câest dĂ©sormais elle qui finance le cinĂ©ma français), Ă savoir des comiques abonnĂ©s aux calembours et une logique de mise en scĂšne sans relief. Le problĂšme central est ailleurs : lâĂ©criture. Si lâon examine bien la façon dont la narration est souvent pensĂ©e et les dialogues travaillĂ©s dans le but de produire un effet comique immĂ©diat, on ressent toujours un blocage, provenant le plus souvent dâun ensemble de gags et dâenjeux qui font sans cesse piĂšce ajoutĂ©e sur lâintrigue (en gros, on en vire un, ça ne change rien !) et qui traduisent un dĂ©sir de multiplier les « saynĂštes » au dĂ©triment de toute « scĂšne » et de toute logique narrative â quitte Ă ce que ça sonne faux. Comme astuce fainĂ©ante pour anĂ©antir un concept parfois prometteur ou pour escroquer le spectateur, difficile de faire pire.
Avec "Les Nouvelles Aventures dâAladin", câest encore plus fort, puisque lâarnaque en question se dĂ©voile dâelle-mĂȘme en raison dâune astuce de scĂ©nario qui se rĂ©vĂšle ĂȘtre la pire des mauvaises idĂ©es. En effet, le film ne raconte pas lâhistoire dâun jeune voleur de Bagdad dĂ©sireux de conquĂ©rir le cĆur dâune belle princesse et de se venger du mĂ©chant vizir qui lâa jetĂ© en prison, mais en rĂ©alitĂ© celle dâun petit frimeur sans relief qui, dĂ©guisĂ© en PĂšre NoĂ«l, raconte sa propre version dâAladin Ă des marmots dans une grande surface. Et qui dit « raconter une histoire » veut ici dire « dĂ©biter nâimporte quoi » ! Ainsi donc, de temps en temps, lâhistoire sâarrĂȘte puis redĂ©marre sans raison, sacrifie les personnages et les situations Ă la bonne volontĂ© dâun type dont le cursus scolaire a dĂ» se limiter Ă la maternelle, et surtout, comble du foutage de gueule, intĂšgre les tours scĂ©naristiques les plus artificiels pour justifier la rĂ©surrection de quelquâun ou lâapparition dâune sous-intrigue Ă la noix. Un exemple : si un enfant qui Ă©coute lâhistoire a soudain envie que le sultan ait un distributeur de bonbons dans son harem, eh bien ok, voilĂ quâun distributeur de bonbons Haribo apparait dans un palais oriental des Mille et Une Nuits⊠Oui, on en est Ă ce niveau-lĂ âŠ
On passera ensuite sur les formalitĂ©s classiques du genre, Ă savoir des chansons navrantes que lâon doit Ă MichaĂ«l Youn et au rappeur Black M (on ne sait jamais, ça peut faire vendre du disque si le film se plante au box-officeâŠ), des gags qui ne feraient mĂȘme pas sourire un mioche de six ans biberonnĂ© aux Minikeums, lâĂ©ternel quiproquo rĂ©sultant dâun soupçon dâhomosexualitĂ© chez un ou plusieurs personnages (et ce genre de blagues homophobes, ça commence Ă bien faire !) et bien sĂ»r les traditionnelles rĂ©fĂ©rences Ă la culture geek pour bien caresser son audience dans le sens du poil. Ă ce propos, outre une partie absurde de Dance Dance Revolution pour Ă©viter un piĂšge sur le chemin menant Ă la lampe magique (non mais sĂ©rieux ?!?), on a envie de quitter la salle en se retapant pour la 1578e fois le coup Ă©culĂ© du « Je suis ton pĂšre » Ă la "Star Wars" !
De leur cĂŽtĂ©, Kev Adams a troquĂ© sa coiffure « dessous de bras » pour une chevelure soyeuse Ă la FrĂ©dĂ©ric Beigbeder, Jean-Paul Rouve nous refait le cardinal Claudia de La Cape et lâĂpĂ©e, Vanessa Guide a des yeux aussi jolis que ses robes, Michel Blanc sâennuie ferme et Eric Judor sâest pris â Ă tort â pour le GĂ©nie du dessin animĂ© Disney. Ă un tel stade de nullitĂ©, on aimerait demander au GĂ©nie du 7e Art dâexaucer nos trois vĆux pour rendre la comĂ©die hexagonale plus inspirĂ©e et mieux Ă©crite, mais aprĂšs tant de carnages Ă rĂ©pĂ©tition, on se rend bien compte que la lampe nâavait de magique que le nom. Je souhaite donc le bide.
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