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© Pathé Distribution

LES NOUVELLES AVENTURES D’ALADIN


un film de Arthur Benzaquen

avec : Kev Adams, Jean-Paul Rouve, Vanessa Guide, William Lebghil, Audrey Lamy, Eric Judor, Michel Blanc, Arthur Benzaquen, Nader Boussandel, Ramzy Bedia, Youssef Hajdi, Cyril Hanouna


À la veille de NoĂ«l, Sam et son meilleur ami Khalid jouent les PĂšre NoĂ«l aux Galeries Lafayette. Mais Sam cache cette situation Ă  sa petite amie, qu’il aime terriblement. À un moment, il se retrouve sollicitĂ© par des enfants et forcĂ© ainsi de leur raconter une histoire. Ce sera l’histoire d’Aladin
 Ou plutĂŽt la sienne



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Finalement, "Iznogoud", c’était pas mal du tout


RĂ©ussir Ă  nous donner envie de rĂ©habiliter le – finalement pas si mauvais – "Iznogoud", film de Patrick BraoudĂ© avec MichaĂ«l Youn, il fallait quand mĂȘme oser. RĂ©ussir Ă  nous faire rĂąler devant une Ă©niĂšme comĂ©die française oĂč les qualitĂ©s d’écriture et d’humour sont inversement proportionnelles au budget Ă©talĂ© sur l’écran, c’est en revanche devenu une habitude pour nos rĂ©alisateurs (euh pardon, nos intermittents issus de la tĂ©lĂ©vision, je voulais dire
). Mais lĂ , le rĂ©sultat dĂ©passe Ă  ce point les limites du tolĂ©rable qu’il constitue un cas d’école pour le moins Ă©difiant. À bien des Ă©gards, "Les Nouvelles Aventures d’Aladin" est un film qu’il est indispensable de voir, histoire de sentir Ă  quel point l’arnaque qui sous-tend 90% de la production comique hexagonale va tout Ă  coup devenir claire comme de l’eau de roche pour le spectateur lambda. On ne peut que remercier le scĂ©nariste (euh pardon, le gars qui ne sait pas Ă©crire, je voulais dire
) d’avoir osĂ© un truc pareil, exploitant par accident la plus fatale des mises en abyme.

Histoire de bannir une fois pour toutes ce soupçon dĂ©plorable qui agite une large partie de la sphĂšre critique vis-Ă -vis des comĂ©dies françaises (qui seraient soi-disant vouĂ©es Ă  ĂȘtre systĂ©matiquement dĂ©truites par coutume, si l’on en croit les remarques de certains producteurs), on va d’abord s’attacher Ă  clarifier les choses. Ce qui rend la plupart de nos comĂ©dies si pauvres et si mauvaises ne se rĂ©sume pas tant au fait que l’humour rĂ©ponde souvent aux abonnĂ©s absents (ça reste une question trĂšs subjective), et encore moins au fait que les ingrĂ©dients proposĂ©s soient en majeure partie issus de la sphĂšre tĂ©lĂ©visĂ©e (logique : c’est dĂ©sormais elle qui finance le cinĂ©ma français), Ă  savoir des comiques abonnĂ©s aux calembours et une logique de mise en scĂšne sans relief. Le problĂšme central est ailleurs : l’écriture. Si l’on examine bien la façon dont la narration est souvent pensĂ©e et les dialogues travaillĂ©s dans le but de produire un effet comique immĂ©diat, on ressent toujours un blocage, provenant le plus souvent d’un ensemble de gags et d’enjeux qui font sans cesse piĂšce ajoutĂ©e sur l’intrigue (en gros, on en vire un, ça ne change rien !) et qui traduisent un dĂ©sir de multiplier les « saynĂštes » au dĂ©triment de toute « scĂšne » et de toute logique narrative – quitte Ă  ce que ça sonne faux. Comme astuce fainĂ©ante pour anĂ©antir un concept parfois prometteur ou pour escroquer le spectateur, difficile de faire pire.

Avec "Les Nouvelles Aventures d’Aladin", c’est encore plus fort, puisque l’arnaque en question se dĂ©voile d’elle-mĂȘme en raison d’une astuce de scĂ©nario qui se rĂ©vĂšle ĂȘtre la pire des mauvaises idĂ©es. En effet, le film ne raconte pas l’histoire d’un jeune voleur de Bagdad dĂ©sireux de conquĂ©rir le cƓur d’une belle princesse et de se venger du mĂ©chant vizir qui l’a jetĂ© en prison, mais en rĂ©alitĂ© celle d’un petit frimeur sans relief qui, dĂ©guisĂ© en PĂšre NoĂ«l, raconte sa propre version d’Aladin Ă  des marmots dans une grande surface. Et qui dit « raconter une histoire » veut ici dire « dĂ©biter n’importe quoi » ! Ainsi donc, de temps en temps, l’histoire s’arrĂȘte puis redĂ©marre sans raison, sacrifie les personnages et les situations Ă  la bonne volontĂ© d’un type dont le cursus scolaire a dĂ» se limiter Ă  la maternelle, et surtout, comble du foutage de gueule, intĂšgre les tours scĂ©naristiques les plus artificiels pour justifier la rĂ©surrection de quelqu’un ou l’apparition d’une sous-intrigue Ă  la noix. Un exemple : si un enfant qui Ă©coute l’histoire a soudain envie que le sultan ait un distributeur de bonbons dans son harem, eh bien ok, voilĂ  qu’un distributeur de bonbons Haribo apparait dans un palais oriental des Mille et Une Nuits
 Oui, on en est Ă  ce niveau-là


On passera ensuite sur les formalitĂ©s classiques du genre, Ă  savoir des chansons navrantes que l’on doit Ă  MichaĂ«l Youn et au rappeur Black M (on ne sait jamais, ça peut faire vendre du disque si le film se plante au box-office
), des gags qui ne feraient mĂȘme pas sourire un mioche de six ans biberonnĂ© aux Minikeums, l’éternel quiproquo rĂ©sultant d’un soupçon d’homosexualitĂ© chez un ou plusieurs personnages (et ce genre de blagues homophobes, ça commence Ă  bien faire !) et bien sĂ»r les traditionnelles rĂ©fĂ©rences Ă  la culture geek pour bien caresser son audience dans le sens du poil. À ce propos, outre une partie absurde de Dance Dance Revolution pour Ă©viter un piĂšge sur le chemin menant Ă  la lampe magique (non mais sĂ©rieux ?!?), on a envie de quitter la salle en se retapant pour la 1578e fois le coup Ă©culĂ© du « Je suis ton pĂšre » Ă  la "Star Wars" !

De leur cĂŽtĂ©, Kev Adams a troquĂ© sa coiffure « dessous de bras » pour une chevelure soyeuse Ă  la FrĂ©dĂ©ric Beigbeder, Jean-Paul Rouve nous refait le cardinal Claudia de La Cape et l’ÉpĂ©e, Vanessa Guide a des yeux aussi jolis que ses robes, Michel Blanc s’ennuie ferme et Eric Judor s’est pris – Ă  tort – pour le GĂ©nie du dessin animĂ© Disney. À un tel stade de nullitĂ©, on aimerait demander au GĂ©nie du 7e Art d’exaucer nos trois vƓux pour rendre la comĂ©die hexagonale plus inspirĂ©e et mieux Ă©crite, mais aprĂšs tant de carnages Ă  rĂ©pĂ©tition, on se rend bien compte que la lampe n’avait de magique que le nom. Je souhaite donc le bide.

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