© Shellac
SchĂ©hĂ©razade doute de pouvoir encore raconter des histoires qui plaisent au Roi, au vu des Ă©vĂ©nements parfois lourds et tragiques quâelles contiennent. La voilĂ qui dĂ©cide alors de sâĂ©chapper du palais et de parcourir le Royaume Ă la recherche dâune quelconque forme dâenchantement. Son pĂšre, le Grand Vizir, lui donne rendez-vous dans la Grande RoueâŠ
Assister Ă la projection de ce troisiĂšme et dernier (youpi !) Ă©pisode de la trilogie orientale de Miguel Gomes, câest un peu comme mettre le paquet sur les derniers mĂštres durant un sprint pratiquĂ© sous la contrainte et dont on souhaite voir la ligne dâarrivĂ©e le plus vite possible. En lâĂ©tat, on se rendait Ă la projection cannoise de la chose avec un boulet aux pieds, prĂȘts Ă subir lâinterminable masturbation artistique dâun cinĂ©aste en totale dĂ©confiture. Et comme prĂ©vu, le rĂ©sultat allait sâinscrire dans la mĂȘme logique que les deux Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents : une suite dâhistoires piochĂ©es au hasard dans les faits divers du Portugal (merci au rĂ©alisateur dâavoir avouĂ© en interview que des journalistes dâinvestigation ont en quelque sorte Ă©crit le scĂ©nario de sa trilogie !), du long texte Ă©crit qui sâaffiche sur toute la surface de lâĂ©cran et dont on doit se taper la lecture toutes les deux minutes (petit rappel : le cinĂ©ma, ce sont des images et du son), des acteurs qui ne jouent pas, et des plans quâon croirait sortis des valises vieillottes de George MĂ©liĂšs ou de Chris Marker.
Du cĂŽtĂ© des histoires en question, faisons Ă nouveau un petit tour des choses Ă piocher dans cet ultime volet : du heavy metal, des pinsons qui piaillent, des ersatz de MickaĂ«l Vendetta qui nagent sur les bords de mer de Bagdad (pour info, la ville semble situĂ©e dans les calanques marseillaises !), une SchĂ©hĂ©razade sexy qui prend un peu plus de place dans lâintrigue, un voleur nommĂ© Elvis, et plein dâautres trucs soi-disant sortis de « lâAntiquitĂ© du Temps »⊠On aura beau trouver une lĂ©gĂšre compensation dans la premiĂšre demi-heure, pour le coup relativement solaire et bĂ©nĂ©ficiant dâune photo trĂšs soignĂ©e, ça ne suffira pas. Le discours de Gomes sur la crise au Portugal sonne toujours de plus en plus comme un prĂ©texte fallacieux pour surjouer une fantaisie plaquĂ©e nâimporte comment sur du contemporain. Ce qui pouvait ĂȘtre un appel global au rĂȘve et Ă lâespoir pour tout un peuple meurtri sâest transformĂ© trop vite en un « portnawak » Ă©puisant de lourdeur, nous plongeant in fine dans les bras de MorphĂ©e. Et lĂ , au moins, on peut rĂȘver Ă autre chose.
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