© Universal Pictures International France
Le 10 mai 1940, Neville Chamberlain démissionne de son poste de Premier ministre du Royaume-Uni. Finalement, c’est le plus improbable des candidats qui prend sa place, Winston Churchill. Mal aimé, il déchaîne les critiques des sceptiques au moment où il doit prendre l’un des choix les plus difficiles de sa vie. Un choix déterminant non seulement pour son pays mais aussi pour l'avenir du monde, négocier la paix avec Hitler ou résister et se battre pour la liberté...
Après "Dunkerque" de Christopher Nolan, "Les Heures sombres" est le second film de 2017 à traiter de ces mois de mai et juin 1940, période charnière pour le Royaume-Uni et pour le monde. D'une certaine manière, on pourrait même voir le film de Joe Wright comme le pendant politique de celui de Nolan, un peu comme si les deux œuvres formaient une sorte de diptyque. Cette période semble avoir inspiré le réalisateur anglais car le film est particulièrement réussi visuellement. Le cadrage est inspiré, la lumière est magnifique et on a droit à quelques très jolis effets de style. Évidemment, les costumes et les décors participent à cette réussite visuelle. Il faut dire que Wright et son équipe ont porté une attention toute particulière à ces aspects du film qui sont incontournables pour que l’ensemble soit réaliste sur le plan historique. Par exemple, pour les costumes portés par Gary Oldman, l’équipe du film s’est directement adressée à la maison Henry Poole, le tailleur historique de Churchill. Idem pour les chapeaux et même pour les cigares que fume le personnage tout au long du film. Pour la petite histoire, seules les chaussures n’ont pas pu être faites à l’identique, car le bottier historique de l’ancien Premier ministre n’est plus en activité.
Les mêmes efforts ont été fournis pour ce qui est du maquillage. En effet, les prothèses portées par Gary Oldman, pour lui donner la corpulence de l’homme politique, ont été réalisées par Kazuhiro Tsuji, un maître en la matière ayant travaillé sur d’innombrables films allant de "La Planète des singes" de Tim Burton à "Looper" en passant par "Hellboy". Enfin, le réalisme du long-métrage est évidemment le résultat d'une parfaite direction d'acteurs et tout particulièrement de Gary Oldman qui a eu droit à 10 semaines entières de répétition avec le réalisateur. On peut dire que l'oeuvre est à la hauteur du travail fourni. L’interprétation d’Oldman est impressionnante. Lui qui s'était déjà essayé au biopic, au tout début de sa carrière dans "Sid & Nancy", se glisse une nouvelle fois dans la peau d'un homme ayant existé, exercice très particulier pour un acteur. La voix, les postures, les regards, tout a été extrêmement travaillé et ça se sent. Le comédien est très juste du début à la fin, qu'il soit en train de discourir ou qu'on le découvre dans son intimité.
Parlons un peu de l’écriture. Tout en étant assez fidèle à la réalité, le scénario est très bien pensé. Il est signé Anthony McCarten, scénariste qui s’était déjà illustré en écrivant le très bon "Une merveilleuse histoire de temps", biopic du génial physicien théoricien Stephen Hawking. Dans "Les Heures sombres", Churchill se met lentement à douter de lui, presque dès sa nomination en tant que Premier ministre, jusqu’à la magnifique scène dans le métro londonien qui sert de pivot au film et permet de conduire l’intrigue vers sa résolution : l’entrée pleine et entière de la Grande-Bretagne dans le conflit mondial. Une évolution très bien amenée. Bien que totalement fictive, cette scène dans le métro est sans aucun doute l’une des plus réussies du film. Émouvante, inspirante, elle amorce parfaitement la montée vers le discours servant de final au long-métrage. Le film se clos sur une ovation et un magnifique dernier plan de la Chambre des communes. Vous l’aurez compris, pour nous, "Les Heures sombres" est une très belle réussite. Un film à voir, indiscutablement.
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