© Diaphana Films
Alors que la tempête fait rage, un homme, Monsieur Earnshaw, recueille un jeune bohémien, grelottant sous la pluie. Chahuté par les hommes du domaine des Hauts de Hurlevent, il est aidé par l'une des filles de Earnshaw, Cathy. Incapable de lui donner un nom, ils décident alors de le baptiser. Il s'appellera Heathcliff...
« Les Hauts de Hurlevent » d'Andrea Arnold, habituée du Festival de Cannes où la réalisatrice anglaise a déjà remporté deux prix du jury pour « Red road » et « Fish tank », est repartie du Festival de Venise 2011, avec le prix de la contribution technique pour la qualité indéniable de sa photographie. Même si le projet date de 2009 et qu'il est d'abord passé par les mains de Peter Webber réalisateur de l'académique "La fille à la perle" avec les rôles de Cathy Earnshaw et Heathcliff d’abord donné à des figures connues : Gemma Arterton (« La disparition d'Alice Creed », « Tamara Drewe », « Prince of Persia ») et Ed Westwick (« Gossip Girl »), Andrea Arnold a su faire sienne cette nouvelle version.
Cette adaptation, globalement fidèle à la trame du roman d'Emily Brontë, met au cœur de l'action un Heathcliff noir (le jeune James Howson, dans la vingtaine), adopté par le père de famille, et ramené un soir d'orage. Le reste est connu, histoire d'amour fatale, classique division entre conventions et désir, dont l'héroïne, Cathy, finira par payer le prix. Andrea Arnold choisit de dépouiller l'histoire au maximum, perdant au passage beaucoup de son essence et de son pouvoir dramatique, sans réellement construire de parallèle pertinent du fait de la race du personnage principal. Mais cela ne semblait pas être son propos, le roman comportant déjà de nombreux éléments en relation avec les différences de classe, le fait que Heathcliff soit un étranger, un peu gitan, à la peau sombre, le rangeant d'emblée du côté des servants.
On ne reniera nullement les qualités esthétiques du film, même si Andrea Arnold semble abuser quelques peu de la caméra à l'épaule. La récurrence des tempêtes, souvent nocturnes avec pluie battante, sous lesquelles le héros est recueilli, arrive au domaine, et retourne à chaque nouveau tourment, confère au film une cohérence visuelle remarquable. Arnold choisit ainsi une approche naturaliste des lieux, donnant chair à des landes balayées par les vents, lieux sauvages où la passion est rendue possible, où l'interdit trouve un lieu d'expression.
Cependant, l'usage d'une certaine symbolique, comme celle de l'oiseau (plumes, ossements...) seulement visible en cage durant la grande majorité du récit, comme parabole d'une absence de liberté liée à sa caste de naissance, et de l'enchaînement des deux êtres l'un à l'autre, ne s'avère pas réellement des plus légers. « Les Hauts de Hurlevent » version 2011, quatrième adaptation au cinéma (après celles de 1939 avec Laurence Olivier, 1970 avec Timothy Dalton et 1992 avec Ralph Fiennes et Juliette Binoche), est donc un film très austère, qui a bien du mal à provoquer la moindre émotion, et durant lequel on a l'étrange sensation d'être dans et loin d'un film de Jane Campion, Andrea Arnold ne réussissant pas à saisir le charnel d'une relation complexe et sanguine.
LA BANDE ANNONCE
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais