© Wild Bunch Distribution
Des conversations de Français de toutes villes de l'hexagone sont mises bout à bout. Sans jamais intervenir Raymond Depardon filme ces personnes qui se dévoilent devant sa caméra...
Singulier projet que celui du nouveau documentaire de Raymond Depardon. Il l'expose en quelques phrases au début du film en guise de note d'intention, puis se tait tout du long. Son objectif et de sillonner les petites villes de France, poser sa caravane et inviter les passants à poursuivre leurs conversations privées à l'intérieur en étant filmé. C'est un parti pris peu ordinaire et l'on se demande ce que va bien donner cet essai au démarrage du film. Si certaines conversations sont quelque peu futiles présentant les avantages ou l'histoire d'une ville (villes qui ne sont d'ailleurs, à tort, jamais indiqués, on doit se repérer avec l'accent ou les indices laissés ci et là dans les conversations), il est sidérant de constater à quel point les personnes qui se sont prises au jeu dévoilent de leur intimité comme s'ils oubliaient la caméra.
Au bout de vingt minutes, l'embarras d'être dans une position de voyeur gagne peu à peu. Il est parfois gênant voire agaçant d'avoir à entendre les problèmes personnels des uns et des autres qu'ils soient familiaux ou d'ordre pécuniaires. Puis, au bout d'une heure, le dessein de Depardon se dessine. Par le montage, il expose les difficultés qu'ont les générations, qu'elles soient jeunes ou moins jeunes à s'adapter au changement. La famille et la filiation sont des notions très présentes. Sont-ils des thèmes chers au réalisateur qui a consciemment ou non sélectionné les morceaux qui lui parlaient ou est-ce réellement ce qu'il ressort de ces captures de conversations ? Impossible à savoir. Toujours est-il que l'éloignement des proches qu'il soit volontaire ou subi, géographique ou affectif se retrouve au cœur du documentaire.
Depardon fait clairement des choix, ne serait-ce que pour "donner la parole" aux habitants des petites villes de France, là où l'on ne trouve pas de bobos mais plutôt la classe populaire ou de riches retraités. Il fait clairement le choix de représenter une large (voire la plus large) portion représentative de la population française qui n'est finalement que peu présente au cinéma ou alors dans des comédies dans lesquelles elle est raillée. Raymond Depardon donne la parole aux oubliés, nous fait rendre compte de la multitude d'accents et de manières de s'exprimer d'une ville à une autre. Ces habitants se dévoilent au naturel, qu'ils soient machistes, craintifs voire même faisant preuve de racisme ordinaire et dévoilent en même temps une facette de notre pays.
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais