© Rezo Films
Avant la guerre, un faussaire réputé se fait arrêter par la police allemande. Quelques années plus tard, alors qu'il est enfermé en camp de concentration, l'ancien officier qui l'avait arrêté, lui fait rejoindre un groupe d'hommes qui ont pour mission de contrefaire les bons au porteur émis par la banque brittanique et les dollars américains...
D'une mise en scène subtile, 'Die Fälscher' met son prsonnage principal, juif d'apparence amer et calculateur, aux prises avec un cas de conscience impossible: sauver sa peau ou sauver celle de milliers d'autres. Ne prenant pas lui même position au départ, il observe d'autres le faire, sabotant certains ingrédients permettant à l'encre de tenir sur le papier... Mais cela met le groupe en danger. Montrant très bien les rouages de la torture psychologique pratiquée par les officiers allemands, le scénario de 'Die Fälscher' joue en permanence la carte de la confrontation silencieuse et de la brimade face à l'humanité toujours vaillante.
Plongeant son héros dans un monde un rien meilleur, le réalisateur montre comment les allemands jouant sur l'échange entre confort minimal et travail constructif pour le Reich. Il met aussi son personnage central face à ses responsabilités, en mettant en avant d'inommables humiliations et leurs violentes répercussions durant lesquelles le niveau sonore du film est atténué, comme si l'on tentait d'entendre après une déflagration d'importance. L'acteur principal (Karl Markovics), impressionnant de passivité, y laisse alors se déchaîner sa colère, sourde mais vivace. Il a raté le prix d'interprétation masculine à Berlin, mais ne démérite pas pour autant.
Loin de montrer les détails de la vie en camp de concentration, le film met au contraire en évidence les conflits inévitables entre être humains et les intérêts particuliers qui peuvent à tout moment mettre en péril la plus pure des intentions. La découverte de l'abject, des autres prisonniers, ceux qui n'ont pas la chance de manger ou dormir correctement, sera l'un des grands moments de tension du film. Basé sur l'individualisme du personnage principal, la construction du film en flash-backs autour d'un après guerre qu'on sait plein dès le début plein de fastes et d'argent pour le faussaire, permet d'installer un doute malsain quant à ses intentions, qui porte une grande partie de la tension d'un grand film de résistance.
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