affiche film

© ARP Sélection

LES ÉLUES

(Las elegidas)


un film de David Pablos

avec : Nancy Talamantes, Oscar Torres, José Santillán Cabuto, Leidi Gutiérrez...

Ulises vit sa première histoire d'amour avec Sofia, âgée de 14 ans. Mais il s'agit aussi de sa première mission commandée par son frère et son père : séduire une fille, pour mieux l'enlever et en faire une prostituée. Décidé à briser le cercle vicieux dans lequel il est lui-même pris, Ulises raconte tout à Sofia et organise, en vain, leur fuite. La seule solution ? Lui trouver une remplaçante...


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Photo film

Sourde complicité

Il est souvent difficile, lorsqu'on réalise un film qui dénonce un système, de ne pas tomber dans le démonstratif ou le message trop appuyé. Avec ce second long métrage mexicain signé David Pablos (« La vida despuès »), il n'en est rien. C'est la beauté des plans, le léger décalage de cadrage créé, les lents travellings, qui font naître l'inquiétude chez un spectateur devenant lui aussi complice des agissements du personnage principal, puisque désireux qu'il arrive à récupérer la victime... en en servant une autre sur un plateau à ceux de son clan.

Évocation d'un pays où violence et corruption sont monnaie courante, "Les élues" aborde l'exploitation de la femme et la complicité d'un voisinage silencieux, sans détour. Le traitement graphique du film contribue à créer le malaise, de la douceur d'un barbecue familial où quelques gestes ou regards trahissent une situation bien moins angélique, à l'entêtant soleil qui brille au dessus de tant de malheur. Le rythme par moment languissant, l'utilisation répétée du cadre dans le cadre, les cadrages décalés ne montrant qu'une partie des corps, tout suggère l'enfermement des êtres, des captives au personnage central, bourreau malgré lui.

Suggérant la violence plus que la montrant (le rattrapage des fuyards, les premières expériences de la jeune prostituée...), "Les élues" dénonce ou questionne au final une absence d'avenir, dans un pays qui semble toujours nier l'importance du crime organiser et le nombre de disparitions inexpliquées. Un constat alarmant, à l'image de cet intelligent dernier plan, où les voix s'estompent, ne laissant plus entendre que celles d'enfants dont on imagine aisément le destin déjà tout tracé... Un film saisissant, découvert dans la section Un certain regard du Festival de Cannes, en mai dernier.

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