© La Belle Company
Éléonore vient de perdre son père et se retrouve obligée de revendre la maison dans laquelle ce dernier habitait, depuis de nombreuses années, en Bretagne. Pour se faire aider, elle demande à Samuel (son ex compagnon qui a récemment refait sa vie avec une nouvelle femme) de l’accompagner sur place durant un week-end. Il accepte au nom des liens qui les ont unit, mais entre eux les sentiments sont encore troubles…
Il y a des livres qui se vivent comme sur un grand écran et il y a des films qui se feuillètent comme on tourne les pages d’un livre. "Les Châteaux de sable" fait partie de ceux-là. Le spectateur est bercé pendant une heure trente par une histoire qu’on lui raconte ligne après ligne, image après image. La voix off du long métrage nous présente à la manière d’André Dussollier dans "Amélie Poulain" les personnages principaux : un garçon et deux filles qui vont passer le week-end ensemble quand le père d’une des deux en question (Emma De Caunes) devra s’occuper de la vente de sa maison de Bretagne grâce à l’aide d’une agent immobilier (Jeanne Rosa) et de son ancien petit copain qui veut bien rendre service (Yannick Renier).
"Les Châteaux de sable" est le second long métrage d’Olivier Jahan après "Faites comme si je n’étais pas là" sorti quinze ans plus tôt ! Pour ceux qui ne connaissent pas ce premier essai et qui auront fortement apprécié le retour de Jahan sur les écrans, l’envie sera grande de découvrir ses débuts cinématographiques. Mais restons sur ces "Châteaux de sable". Le film se suit donc comme un beau roman qu’on lirait d’une traite tant on ne peut pas reposer le livre avant d’en découdre avec l’histoire. Pourtant, au vu du synopsis, rien de très « excitant » (quoi que) dans cette histoire de week-end en campagne bretonne. Et c’est bien là tout le talent du réalisateur, aidé de son co-scénariste Diastème ("Un Français"), à faire vivre ses personnages et à nous les faire aimer.
Car la finesse de rédaction du scénario propulse le métrage dans un tourbillon de sentiments magnifiquement explorés et dévoilés à l’écran. Chacun a son jardin secret qui s’effrite comme un château de sable avec le temps. La fragilité des personnages principaux émeut le spectateur. Et de désirs amoureux en tensions sexuelles, d’amour-propre en estime de soi, c’est tous ces petits riens qui font les grandes marées, ces grands bouleversements causés par ces quelques grains de sable… Les comédiens sont épatants. Emma De Caunes et Yannick Renier, trop rares au cinéma, ont une complicité qui transpire à l’écran et réussissent parfaitement à jouer l’ambiguïté de leurs rapports. Jeanne Rosa, dans ce second rôle de fille perdue, est la révélation du film, tout en sensibilité et en drôlerie.
Prix Cinéma 2015 de la Fondation Diane & Lucien Barrière, "Les Châteaux de sable" est donc de ces films français qui se consomment comme une parenthèse enchantée. Une invitation à pénétrer un intime et un cercle de personnages que l’on n’a plus envie de quitter. Du cinéma vrai, sans chichi et qui utilise tous les prismes de l’art (la poésie, la photographie…) combinés dans un objet filmique fort, sensible, honnête dans le sens pudique du terme. Assurément, un des plus beaux films français de cette année.
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