© Capricci Films
Gabino, jeune vendeur de disques ambulant, passe ses journées à réciter par cœur les plus grands titres de la chanson mexicaine. Un jour, après quinze ans d’absence, son père revient au foyer, perturbant ainsi l’équilibre familial…
Présenté au festival de Locarno en août dernier, "Les Chansons populaires" est le septième long-métrage du réalisateur mexicain Nicolás Pereda. Axé sur la recherche entre fiction et documentaire, le cinéaste fait ici encore des choix très tranchés et nous présente un film sur le processus de représentation.
Le film s’ouvre sur Gabino, un jeune mexicain énonçant à voix haute dans sa douche les titres de chansons de la compilation qu’il vend dans le métro. Plus tard, dans la modeste cuisine familiale, la mère de Gabino, l’album en main, s’applique à faire réciter son fils comme elle lui ferait réciter les tables de multiplication : « L’homme parfait », « Reviens-moi », « Je t’ai aimé »… Puis un jour, le père de Gabino refait surface, quinze ans après les avoir abandonné lui et sa mère pour suivre une autre femme. Désireuse de renouer un contact avec lui, la mère de Gabino souhaite pourtant le voir partir. L’équilibre familial est fragilisé et les questions en suspens remontent à la surface.
Tous les personnages principaux répètent à un moment du récit ces chansons d’amour : Gabino au début du film, puis son père qu’il convainc de vendre des disques, et enfin sa mère qui les fait réciter. Même nous, spectateurs, commençons à les connaître par cœur le premier quart d’heure passé. Pour l’auteur, ces chansons plutôt « niaises, portent aussi une part de vérité en elles ». Sur cette froideur des visages et des relations filmés, les mots résonnent autrement et on aime le décalage qui se crée.
L’esthétique du film est en effet assez austère et la caméra s’efface complétement pour laisser la place aux acteurs. Les plans sont essentiellement fixes, les cadres se répétant comme les titres de chansons. Les séquences s’additionnent aussi, le réalisateur n’hésitant pas à mettre deux fois la même scène à la suite. Une autre forme de répétition s’installe quand la mère de Gabino lui demande de jouer le rôle du père pour s’entrainer à lui parler. Un moment fort de ce travail de représentation.
Puis dans la seconde partie, Nicolás Perada remplace l’acteur jouant le rôle du père par son oncle qui n’est pas comédien. À ce moment, certains projecteurs ou techniciens font aussi leur apparition dans le cadre. Dès lors, on ne sait plus ce qui est fiction, ce qui est répétition ou ce qui tient de la réalité du tournage. Certes c’est un choix qui crée un rebond mais c’est à ce moment que l’on peut aussi choisir de décrocher de l’histoire familiale. Sensible et réfléchi, le travail de recherche du cinéaste n’est pas toujours accessible mais nous laisse cependant quelques très belles scènes en mémoire.
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