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En 2008 à Alger, quelques années après la fin de la guerre civile, Amal et Samir décident de fêter leur vingtième anniversaire de mariage et d’aller dans un restaurant du bord de mer. De son côté, leur fils Fahim ère dans la ville avec ses amis...
"Les bienheureux" est un film aussi nécessaire que douloureux. A partir d’un dîner en apparence anodin qui se transforme peu à peu en nuit cauchemardesque et en explication entre les deux membres d’un couple, c’est le visage d’une Algérie meurtrie et sous le joug des islamistes qui est mis à jour. Grâce à l’histoire de leur fils, errant dans les bas fonds, entre tatouage clandestin et dope ordinaire, c’est aussi l’hypocrisie du carcan social et religieux qui est mise en évidence.
Sami Bouajila et Nadia Kaci sont tout juste formidables en couple au bord de l’implosion, l’une arguant pour le départ de son fils, seule issue à l’évolution d’un pays en perdition, l’autre tentant de s’accommoder du nouveau régime, malgré sa participation pas si lointaine, à la résistance. Touchant à de nombreux sujets délicats (l’avortement clandestin, la délation, la corruption, l’exil…), "Les bienheureux" bénéficie de dialogues affûtés, permettant de mieux saisir la chape de plomb qui pèse sur la société civile.
Confrontant les visions opposées de quadragénaires ayant vécu le pire, et les élans d’une jeunesse tentant de vivre malgré tout, le film installe une ambiance inquiétante, grâce notamment à l’omniprésence de l’obscurité, l’essentiel du récit se déroulant sur une seule nuit. Violence morale comme physique peuvent surgir à tout instant, un malheureux hasard choisissant alors le destin des uns ou des autres. Un film qui fait toute la différence, entre deux notions en permanence sur les lèvres des protagonistes : « s’être battu » ou « avoir survécu ».
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