© Gaumont Distribution
Royaume de France, 1550, en Bretagne. Philibert est un jeune home idéaliste, d’une vingtaine d’années, fils d’un cultivateur d’artichauts, domaine dans lequel Philibert pense avoir une longue carrière. Mais en mourant, son paternel lui apprend qu’ils n’ont en fait pas de lien de parenté, et que son vrai père a été assassiné par un Bourguignon caractérisé par une tâche dans le cou en forme de rose. Philibert décide de s’en aller faire vengeance, accompagné d’un valet un peu fourbe qu’il rencontre sur la route.
La bande annonce mérite d’être vue car elle donne le ton, indiquant que le film est un pastiche et ne doit pas être pris trop au sérieux. Son kitch est assumé pour tout, du personnage de Jérémie Renier, idéaliste mais tragiquement naïf, aux décors en carton pâte comme il ne s’en fait plus, en passant par un florilège d’anachronismes dans les dialogues, qui mélangent langage d’époque et langage d’aujourd’hui pour s’amuser des conventions et nous faire sourire. Il convient ici de se moquer gentiment des films de cape et d’épée, et de se moquer précisément de ce pourquoi on les aime : de la candeur des personnages gentils, des collants qui les moulent atrocement, des belles paysannes qui, à tous les coins de campagne, ne demandent qu’à ce qu’on leur offre un peu de joie. Sur ces plans-là, le réalisateur Sylvain Fusée réussit assez bien. Jérémie Renier est parfait dans son rôle, croit à son personnage à fond, et permet à l’entreprise qui repose en bonne partie sur ses épaules, de fonctionner. Ce monde kitch est dans l’ensemble plaisant à voir, les gags font rires, même si certains dénoncent leur faible densité.
Le montage, à l’inverse de Renier, n’est pas à la hauteur d’une histoire qui aurait dû être plus enlevée, plus tendue. Il sait retrouver certains effets de l’époque, tels que les ouvertures à l’iris, mais le monteur aurait du inscrire au fer rouge sur son bras que la première règle est que cela doit aller vite. Ce n’est pas un hasard si les comédies dépassent rarement l’heure et demie. Ici la durée est respectée, mais le film pêche pourtant.
La faute également à une réalisation au minimum syndical. Alors que la mise en scène, le travail sur les comédiens est assez savoureux, la caméra les filme comme si les frères Lumière étaient derrière la caméra, et que personne n’avait découvert le langage cinématographique. Plan d’ensemble, champ / contre-champ. Les comédiens et les dialogues font tout, le réalisateur dort probablement derrière son combo. On apprécie les scènes de duel à l’épée et leur visibilité, mais le réalisateur semble avoir oublié que son devoir était également de donner du rythme et de l’audace à son propos.
Aux Etats-Unis, parmi les derniers réalisateurs venus de la télé, on dénombre David Yates (les derniers « Harry Potter ») et Tom Hooper (« Le discours d’un roi », pas si académique). En France, nous avons Sylvain Fusée et Philibert. La comparaison semble démesurée, néanmoins il est intéressant de constater que lorsque Yates et Hooper font leur film, ils savent que c’est pour le cinéma : ils voient grand. Fusée, en revanche, réalise le sien avec la même énergie qu’un des épisodes de Groland. Résultat : c’est drôle, parfois même un peu trop, mais cela manque cruellement d’ambition.
LA BANDE ANNONCE
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais