© The Walt Disney Company France
De nos jours, alors quâune mĂ©tĂ©orite devait provoquer leur extinction il y a des millions dâannĂ©es, les dinosaures continuent toujours de peupler la Terre. Arlo, jeune spĂ©cimen maladroit et peureux, doit faire ses preuves auprĂšs de sa famille pour montrer son courage. Sa confrontation avec un enfant sauvage surnommĂ© Spot marquera pour lui le dĂ©but dâune aventure rythmĂ©e et dangereuseâŠ
Il y a dĂ©jĂ quatre ans, la catastrophe "Rebelle" Ă©tait passĂ©e aux yeux de bon nombre de cinĂ©philes comme la premiĂšre grosse erreur de parcours du studio Pixar, dont lâĂ©chec semblait avoir Ă©tĂ© dĂ» aussi bien Ă un scĂ©nario suprĂȘmement bĂȘta quâĂ une valse de rĂ©alisateurs (trois au total !) ayant entraĂźnĂ© une production chaotique. Cette annĂ©e, en le voyant escalader son Everest avec "Vice-Versa", on se disait que le studio Pixar avait rĂ©ussi Ă se rĂ©installer sur son trĂŽne. Mais le simple fait de dĂ©couvrir aussi vite un nouveau dessin animĂ© du studio â qui plus est ratĂ© Ă quasiment tous les niveaux â ne fait pas que lui infliger Ă nouveau une dĂ©gringolade des plus inquiĂ©tantes. Non, cela prouve surtout que le rachat de Pixar par la maison de lâoncle Walt aura contraint lâĂ©quipe de John Lasseter Ă perdre une bonne partie de son Ăąme originelle.
Pour un studio ayant Ă ce point flattĂ© lâĂ©merveillement de son public, transcendĂ© les conventions du divertissement et dĂ©ployĂ© des propos universels dont le degrĂ© de puretĂ© et de subversion nâĂ©tait pas sans rappeler les Ćuvres du studio Ghibli, "Le Voyage dâArlo" sâimpose comme une marche arriĂšre qui ne manquera pas de dĂ©friser les spectateurs les moins exigeants. Le scĂ©nario, affreusement prĂ©visible et consensuel, tient ici sur une ligne : pour « poser son empreinte » sur lâĂ©difice familial Ă©rigĂ© par son pĂšre (et ainsi se montrer digne dâappartenir Ă sa famille), un petit dinosaure peureux va devoir affronter mille dangers. DĂ©jĂ , rien quâavec ça, et en sachant que le film pompe la moitiĂ© des scĂšnes du "Roi Lion" et de "LâIncroyable voyage" (enjeu central : traverser le monde pour rejoindre les siens), on ne mettra pas plus de dix minutes Ă deviner le dĂ©roulement du rĂ©cit, les pĂ©ripĂ©ties qui vont se mettre en place et le plan final.
Juger la qualitĂ© dâun film Disney/Pixar sur la qualitĂ© de son animation apparaĂźt profondĂ©ment inutile, dâabord parce que la technicitĂ© y est toujours irrĂ©prochable, ensuite parce que seule lâinventivitĂ© visuelle proposĂ©e dans lâĂ©crin animĂ© a dĂ©sormais valeur dâanalyse. Or, lâimagination est bien ce quâil manque Ă ce nouveau film : ici, les paysages sont magnifiques, la musique est trĂšs belle⊠et câest tout. Pour le reste ? Un humour rĂ©sumable Ă des gags de classe de primaire, des personnages mal dĂ©veloppĂ©s quand ils ne sont pas dâune bĂȘtise affligeante (les ptĂ©rodactyles qui hĂ©ritent des rĂŽles de mĂ©chants sont juste insupportables), et une idĂ©ologie familiale assĂ©nĂ©e Ă coups de massue, hĂ©las Ă des annĂ©es-lumiĂšre de lâintelligence thĂ©matique dâun George Miller sur la saga "Happy Feet". On sort du "Voyage dâArlo" dans un Ă©tat dâaccablement relatif, incapable dâadmettre que John Lasseter et son Ă©quipe de gĂ©nie aient pu cautionner la chose. MĂȘme en ayant gardĂ© toute son Ăąme dâenfant, ça va ĂȘtre trĂšs dur Ă encaisserâŠ
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