affiche film

© The Walt Disney Company France

LE VOYAGE D’ARLO

(The Good Dinosaur)


un film de Peter Sohn

avec : les voix originales de Raymond Ochoa, Peter Sohn, Frances McDormand, Jeffrey Wright, Marcus Scribner, Steve Zahn, A.J. Buckley, Anna Paquin, Sam Elliott
 et françaises de Jean-Baptiste Charles, Eric Cantona, Olivia Bonamy


De nos jours, alors qu’une mĂ©tĂ©orite devait provoquer leur extinction il y a des millions d’annĂ©es, les dinosaures continuent toujours de peupler la Terre. Arlo, jeune spĂ©cimen maladroit et peureux, doit faire ses preuves auprĂšs de sa famille pour montrer son courage. Sa confrontation avec un enfant sauvage surnommĂ© Spot marquera pour lui le dĂ©but d’une aventure rythmĂ©e et dangereuse



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Photo film

Pixar en chute libre

Il y a dĂ©jĂ  quatre ans, la catastrophe "Rebelle" Ă©tait passĂ©e aux yeux de bon nombre de cinĂ©philes comme la premiĂšre grosse erreur de parcours du studio Pixar, dont l’échec semblait avoir Ă©tĂ© dĂ» aussi bien Ă  un scĂ©nario suprĂȘmement bĂȘta qu’à une valse de rĂ©alisateurs (trois au total !) ayant entraĂźnĂ© une production chaotique. Cette annĂ©e, en le voyant escalader son Everest avec "Vice-Versa", on se disait que le studio Pixar avait rĂ©ussi Ă  se rĂ©installer sur son trĂŽne. Mais le simple fait de dĂ©couvrir aussi vite un nouveau dessin animĂ© du studio – qui plus est ratĂ© Ă  quasiment tous les niveaux – ne fait pas que lui infliger Ă  nouveau une dĂ©gringolade des plus inquiĂ©tantes. Non, cela prouve surtout que le rachat de Pixar par la maison de l’oncle Walt aura contraint l’équipe de John Lasseter Ă  perdre une bonne partie de son Ăąme originelle.

Pour un studio ayant Ă  ce point flattĂ© l’émerveillement de son public, transcendĂ© les conventions du divertissement et dĂ©ployĂ© des propos universels dont le degrĂ© de puretĂ© et de subversion n’était pas sans rappeler les Ɠuvres du studio Ghibli, "Le Voyage d’Arlo" s’impose comme une marche arriĂšre qui ne manquera pas de dĂ©friser les spectateurs les moins exigeants. Le scĂ©nario, affreusement prĂ©visible et consensuel, tient ici sur une ligne : pour « poser son empreinte » sur l’édifice familial Ă©rigĂ© par son pĂšre (et ainsi se montrer digne d’appartenir Ă  sa famille), un petit dinosaure peureux va devoir affronter mille dangers. DĂ©jĂ , rien qu’avec ça, et en sachant que le film pompe la moitiĂ© des scĂšnes du "Roi Lion" et de "L’Incroyable voyage" (enjeu central : traverser le monde pour rejoindre les siens), on ne mettra pas plus de dix minutes Ă  deviner le dĂ©roulement du rĂ©cit, les pĂ©ripĂ©ties qui vont se mettre en place et le plan final.

Juger la qualitĂ© d’un film Disney/Pixar sur la qualitĂ© de son animation apparaĂźt profondĂ©ment inutile, d’abord parce que la technicitĂ© y est toujours irrĂ©prochable, ensuite parce que seule l’inventivitĂ© visuelle proposĂ©e dans l’écrin animĂ© a dĂ©sormais valeur d’analyse. Or, l’imagination est bien ce qu’il manque Ă  ce nouveau film : ici, les paysages sont magnifiques, la musique est trĂšs belle
 et c’est tout. Pour le reste ? Un humour rĂ©sumable Ă  des gags de classe de primaire, des personnages mal dĂ©veloppĂ©s quand ils ne sont pas d’une bĂȘtise affligeante (les ptĂ©rodactyles qui hĂ©ritent des rĂŽles de mĂ©chants sont juste insupportables), et une idĂ©ologie familiale assĂ©nĂ©e Ă  coups de massue, hĂ©las Ă  des annĂ©es-lumiĂšre de l’intelligence thĂ©matique d’un George Miller sur la saga "Happy Feet". On sort du "Voyage d’Arlo" dans un Ă©tat d’accablement relatif, incapable d’admettre que John Lasseter et son Ă©quipe de gĂ©nie aient pu cautionner la chose. MĂȘme en ayant gardĂ© toute son Ăąme d’enfant, ça va ĂȘtre trĂšs dur Ă  encaisser


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