affiche film

© Metropolitan FilmExport

LE TERRITOIRE DES LOUPS

(The grey)


un film de Joe Carnahan

avec : Liam Neeson, Dallas Roberts, Dermot Mulroney, Joe Anderson...

Après que leur avion se soit crashé en Alaska, un groupe de 7 foreurs doit lutter pour sa survie dans une contrée infestée de loups...


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Photo film

POUR : Niveau +4 - Man vs Into the wild

Joe Carnahan est décidément un petit malin et un réalisateur bourré de talent, qui n’est pas né de la dernière neige et connaît parfaitement le cinéma. Après le léger et très second degré (dont bons nombres de journalistes sont passés à côté) « L’agence tout risque », voilà que le réalisateur du polar tendu « Narc » nous assène une claque derrière la tête (ou dans le contexte, une boule de neige en pleine face) avec un « survival » comme on n’en avait pas vu depuis une éternité.

En choisissant le toujours excellent Liam Neeson pour diriger son « all man cast », Carnahan sait que la réussite du film tient avant tout à deux choses : l’alchimie entre ses personnages, et la crédibilité de ses loups. Si le public n’adhère pas immédiatement dès la première apparition de ces animaux mystérieux et sauvages, les autres qualités du film ne réussiront pas à sauver l’ensemble (même notre Christophe Gans national en sait quelque chose). C’est d’ailleurs cette première rencontre animalière, lors de l’exposition courte (mais suffisante) des personnages, qui va donner le ton du métrage : violent et poétique comme la mort. Il est d’ailleurs impossible, pour ceux qui connaissent le destin tragique qu’à subi Neeson ces 3 dernières années, de dissocier la fiction de la réalité (qui plus est, dans un tel contexte géographique). Confronté à la perte d’un être cher, John, son personnage de porte fusil pour une compagnie de forage, dont le rôle est de protéger les ouvriers des attaques de loups, est constamment borderline. Alors que ces hommes doivent lutter pour leur survie, John lui, les accompagne tel un ange de la mort, ou tel Charon le conducteur de barque menant les défunts lors de leur traversée du Styx vers les rivages éternels de l’enfer.

Cette histoire d’hommes abandonnés en pleine nature est évidemment un « survival », mais à double lecture. Si la parenté avec « Délivrance » de John Boorman ou autre « Les survivants » - auquel un des personnage fait une allusion très bien écrite (« comme dans le film avec le mec de Training Day ») - est évidente, on peut également penser en toute légitimité que Carnahan fait virer par moments son métrage sur les bords du « slasher » tant sa meute s’apparente à un boogeyman multiple, dominé par, ni plus ni moins que, le grand méchant loup ! Chaque apparition et attaque guérilla des canidés s’impose avec une sauvagerie n’ayant que pour équivalent le calme des scènes les précédant. C’est au bout de cette traversée du désert blanc, que tel Achab et sa traque sans fin de Moby Dick, John devra faire renaître l’homme qui est en lui et accepter son destin.

Entre tableaux somptueux (l’homme acceptant son destin et découvrant la vie aux portes de la mort) et d’impressionnantes scènes d’action (monumental crash aérien, tourné pour pas un sous, mais avec un talent immense), « Le territoire des loups » (dont au préférera le titre plus mystique de "the grey" - évoquant au passage une race de loups) est un film qui se vit, et ce n’est pas son dernier plan, à s’en lécher les babines, qui vous laissera les crocs.


CONTRE : Niveau -2 - Loupé !


Ne vous jetez pas dans la gueule du loup… Si vous espérez trouver un film d’aventures avec traque, rebondissements, suspense et émotion, passez votre chemin. « Le Territoire des loups » est vide de tout. Un film aussi inutile que le temps que vous perdrez à aller le voir.

Pourtant, ça ne commence pas si mal avec une mise en situation du personnage principal intéressante. Liam Neeson compose en effet un chasseur de loups complexe, perdu au milieu de nulle part dans une région pétrolifère d’Alaska où se côtoient des moins-que-rien et les mis à l’écart de la société. Sept d’entre eux survivent à un crash d’avion en pleine forêt alors que l’hiver bat son plein : une belle brochette pour la meute de loups qui les prendra en chasse et les dévorera les uns après les autres.

C’est tout ? Oui ! Rien de plus à se mettre sous la dent dans ce film de survie qui est plus à rapprocher des « Dix petits nègres » d’Agathie Christie que de « Délivrance » de John Boorman. Tout est tracé d’avance et l’issue est même connue dès les premières minutes du film avec cette scène complètement inutile où Liam Neeson, déprimé niveau 7 sur l’échelle de Richter, met le canon de son arme dans sa bouche avant de changer in-extremis d’avis…

Tout est si bien balisé que lors de la traque, le spectateur est méticuleusement assommé d’une scène de boucherie suivie d’une scène de fuite ou de feu de camp où on se raconte des histoires à dormir assis sur son fauteuil de cinéma. Pour clore le tout, on devine bien cinq minutes avant qui va finir comme un croque-monsieur dans l’épisode suivant…

Heureusement, Joe Carnahan, jeune loup du cinéma américain de 42 ans et réalisateur des réussis « Narc » (2003) et « Mi$e à Prix » (2007), est derrière la caméra pour assurer quelques moments de tension bien sentis et fort joliment réalisés. Le seul problème est qu’ils ne sont que deux : le crash de l’avion et la chute dans l’arbre ; pour le reste pas de quoi crier au loup…

La pseudo psychologie de Liam Neeson marche dix minutes mais les flash-back inutiles, la faiblesse du propos, les pauvres dialogues et les lyriques « N’aie pas peur » de sa femme disparue confinent rapidement au ridicule. Si Carnahan continue à faire des films de cette trempe, sa tête risque vraiment d'être mi$e à prix à Hollywood…

Mathieu Payan

10-03-2012

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