© Gaumont Distribution
Au début des années 70, un jeune ethnologue français est fait prisonnier par les Khmers rouges, l’accusant d’être un espion à la solde de la CIA. Clamant son innocence pour essayer de survivre, une relation particulière va se nouer entre le détenu français et son geôlier…
Avant d’être les têtes d’affiche de « L’Affaire SK1 » sur l’enquête autour des meurtres de Guy Georges, Olivier Gourmet et Raphaël Personnaz finissent l’année déjà ensemble, pour un film plus politique et plus viscéral. Le second interprète un ethnologue français, prisonnier du régime des Khmers rouges. Mais son destin annoncé funeste sera plus inattendu que prévu, devant son salut à un homme ayant sur la conscience des milliers de mort, paradoxe existentialiste mis en scène avec brio. Car subtilement, le cinéaste joue avec les temporalités, invitant le passé à rejoindre le présent pour mieux souligner le parcours atypique de ce détenu à qui la mort était promise.
Doté d’un montage précis et chirurgical, « Le temps des aveux » se déleste de tout effet superficiel pour se focaliser uniquement sur les faits, sur une réalité saisissante et poignante parfaitement amenée. À la mémoire de son métrage « Indochine », aux premières minutes de cet opus, on se dit que Régis Wargnier est véritablement fait pour mêler l’Histoire et l’intime, pour explorer l’âme humaine aussi bien que les maux de guerre. Mais cette fois, la puissance du récit s’étiole au fil des minutes, l’émotion se dérobant à force de retenue de la part du réalisateur. Si se concentrer sur les prémices de l’horreur était un choix audacieux, préférant le silence à la vision de la torture, à trop vouloir éviter le mélodrame, Régis Wargnier atténue la singularité de son œuvre. Et le film de devenir de plus en plus bancal.
Moins contestataire et dénonciateur qu’il aurait pu l’être, « Le temps des aveux » éprouve également de nombreuses difficultés à devenir le drame recherché. En raison de dialogues un brin trop appuyés et de ficelles trop apparentes, les choix scénaristiques finissent par agacer et détourner l’attention du spectateur. Mais, heureusement, derrière ces erreurs, restent un sujet extrêmement fort et des acteurs impressionnants. Et progressivement, c’est Kompheak Phoeung qui vole la vedette au Français, sa composition de bourreau étant aussi spectaculaire que les contradictions de son personnage fascinantes. Si Régis Wargnier est loin du talent et de l’aura d’« Indochine », cette histoire vraie permet au cinéaste de décrier avec force et conviction le génocide cambodgien. L’envie était bien là.
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