© Bac Films
Une nuit dans la brousse du Nord BĂ©nin, CĂ©cile, une jeune française, se trouve dans le bus qui doit la conduire jusquâĂ son ex-petit ami, Didier, parti de France un peu prĂ©cipitamment et dont elle nâa plus de nouvelles. Mais les retrouvailles ne se passent pas comme elle lâavait imaginĂ©. Alors, quelques jours plus tard, quand une BĂ©ninoise affolĂ©e lui dĂ©pose un enfant avant de sâenfuir en pleurs, CĂ©cile nâimagine quâune issue : lâadopter et le ramener en FranceâŠ
Sur le mode du film de fiction, romancĂ©, Christine François construit le rĂ©cit du « Secret de lâenfant fourmi » (son premier long-mĂ©trage pour le cinĂ©ma) en trois parties, celle française Ă©tant encadrĂ©e par deux allers-retours en Afrique. Le film suit le parcours dâune femme, perdue sentimentalement, et dont la vie bascule le jour oĂč sous ses yeux une mĂšre abandonne son enfant quâĂ son tour elle nâaura pas le courage de laisser Ă lâorphelinat. Sept ans plus tard, elle devra retourner sur les terres africaines pour percer le secret qui entoure cet enfant et qui la marquera Ă jamaisâŠ
Car en Afrique, il est des croyances plus fortes que la raison. Christine François semble ainsi ĂȘtre partie en guerre contre celle qui touche la tribu des baribas qui nâhĂ©site pas Ă tuer les enfants dits sorciers quand on leur dĂ©couvre une anormalitĂ© physique par exemple (dans le film, lâenfant a une dent qui pousse Ă lâenvers). La croyance en lâinvisible et aux esprits est vĂ©ritablement tenace sur le continent africain. Lâinfanticide en est une des terribles consĂ©quences.
On peut saluer le travail de la rĂ©alisatrice pour nous ouvrir les yeux sur ce phĂ©nomĂšne combattu par lâONU et trĂšs vivace dans le Nord BĂ©nin. Son portrait de lâAfrique noire, surtout dans la premiĂšre partie du film quand le spectateur est amenĂ© Ă dĂ©couvrir cette rĂ©gion du monde en mĂȘme temps que CĂ©cile, transpire la rĂ©alitĂ©. Il ne souffre aucunement de clichĂ©s. Les comĂ©diens professionnels mĂȘlĂ©s aux amateurs sont tous plus vrais que nature. Robinson StĂ©venin, qui interprĂšte un expatriĂ©, est notamment parfait dans son rĂŽle. Pour peu quâon connaisse un peu cette rĂ©gion du monde, on sâamuse dâentendre une religieuse proposer comme prĂ©nom « Innocence » Ă lâenfant recueilli et de voir les coupures de courant le soir, on sâattriste aussi de la visite de lâorphelinat tenu par des sĆurs et plein dâenfantsâŠ
Finalement, la deuxiĂšme partie (le quotidien en France, sept ans aprĂšs) est des plus mornes et freine le rĂ©cit. Trop long, ce chapitre se perd dans les relations entre CĂ©cile et sa mĂšre, CĂ©cile et son nouveau petit copain, CĂ©cile et son fils. Si le script a voulu donner plus de consistance et de profondeur au personnage jouĂ© par Audrey Dana (juste mĂ©lange entre le charme de MĂ©lanie Laurent et le grain de folie de ValĂ©rie Donzelli), le spectateur rouille et se languit du retour sur les terres africaines, qui arrivera enfin pour le dernier tiers et qui montrera la place de lâenfant chez les baribas. On est tout de mĂȘme loin dâun cinĂ©ma vĂ©ritĂ© comme dans le beau « Moolaadé » de SembĂšne Ousmane (qui s'attaque Ă l'excision pratiquĂ©e sur des femmes dans certains pays d'Afrique). Peut-ĂȘtre Christine François aurait-elle dĂ» plus sâattacher Ă creuser les croyances africaines, les rituels et les conflits entre gĂ©nĂ©rations quasi absents de son scĂ©nario.
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