© Bac Films
Alors qu’il était simplement venu faire une traduction à l’Assemblée nationale, le jeune Arnaud va se retrouver, suite à un concours de circonstances, assistant de la terrible directrice de la communication, Agnès Karadzic. Le voilà alors embarqué dans le tumulte des campagnes électorales…
Mathieu Sapin connaît bien les arcanes du pouvoir politique, univers qu’il a pu croquer à travers ses deux bandes dessinées, "Campagne Présidentielle" et "Le Château", ainsi qu’avec ses collaborations à Libération. Pour son premier passage derrière la caméra, c’est ainsi tout naturellement qu’il s’est tourné vers ce monde impitoyable. Et pour inviter le public à y pénétrer, le néo-réalisateur a choisi de suivre le parcours d’un néophyte, simple étudiant en langues propulsé au cœur d’une campagne pour les primaires puis les présidentielles, sous la houlette de la redoutée directrice de la communication, Agnès Karadzic.
Malheureusement, malgré l’énergie du film, la satire ne parvient jamais à trouver la juste tonalité. En voulant inscrire des péripéties cartoonesques dans un univers réaliste, le métrage perd son propos et expose des situations dont l’absence de crédibilité éloigne du sujet. Si ces ressorts comiques peuvent fonctionner en comic-book, leur accumulation sur grand écran à tendance à enfermer cette farce politique dans un écrin stéréotypé où la course aux hautes sphères étatiques se résume à des coups bas de cour de récréation. Et ce théâtre des petites manigances de devenir in fine pleinement insipide.
Si les seconds rôles assurent le spectacle, Philippe Katerine en tête, les rires se feront bien maigres tant la mécanique artificielle et prévisible du scénario transparaît à chaque scène. En reprenant le postulat éculé de la jeune brebis se transformant en loup, c’est finalement le personnage d’Alexandra Lamy qui s’avère le plus intéressant, où derrière la carapace de la femme inébranlable apparaissent les fissures des blessures passées. Manquant cruellement de saveur et de parti-pris artistique, "Le Poulain" confirme que le premier film est toujours un exercice périlleux, d’autant plus pour un auteur qui semble mieux maîtriser les crayons que les focales.
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