© Shellac Distribution
Dominique et Cathy vivent avec leurs deux enfants au bord du lac d’Annecy. Lui, patron d’un magasin animalier à la gestion financière douteuse, trompe sa femme sans vergogne. Lorsque celle-ci le découvre, il est pris d’un terrible accès de colère, provoquant la fuite de sa famille. Décidé à la récupérer, Dominique ne fait qu’empirer la situation en agressant sévèrement sa femme au point de l’envoyer à l’hôpital. Il décide alors de partir avec sa fille et son fils dans une station de ski en Suisse, là où ni la police, ni le fisc ne pourront les retrouver…
Si le titre du film laisse songeur (« Le Paradis des bêtes » est le nom du magasin animalier), l’intrigue s’avère d’emblée sans grande originalité : un homme bat sa femme et, ne supportant pas qu’elle le quitte, kidnappe ses enfants. C’est d’autant plus banal que le personnage principal, violent, coureur de jupon et mouillé dans des histoires de fraude, est incarné par Stefano Cassetti, excellent acteur malheureusement abonné à ce type de rôles (« Roberto Succo », « Il resto della notte »). Ceci dit, il faut reconnaître au premier film d’Estelle Larrivatz une qualité : ses personnages sont bien écrits et bien interprétés. Bien qu’appartenant à des stéréotypes, ils créent tous la surprise à un moment ou un autre.
Commençons par Dominique : il a beau être une ordure, cela n’en fait pas pour autant un mauvais père. Au contraire, il chérit ses enfants pendant sa fuite, incapable de la moindre brutalité envers eux. Sa sœur, incarnée par une Muriel Robin à total contre-emploi, est aussi un personnage complexe et ambigu. Travaillant aux côtés de Dominique au sein du magasin, mère célibataire sévère et acariâtre, elle est à la fois autoritaire et protectrice envers son frère, qu’elle aide dans toutes ses combines. Des deux, difficile de savoir lequel est le pire. Les enfants participent également à ce tableau de famille déroutant. Non pas le fils, trop petit pour se faire un avis sur la situation, mais plutôt l’aînée, qui semble faire preuve de discernement. Mais tout n’est pas si simple. Si elle fait bien la part des choses entre le coupable et la victime dans la première moitié du film, un simple moment de complicité avec son père suffit à la faire totalement changer d’avis et de regard sur la situation.
Le spectateur se retrouve donc un peu comme cette petite fille, c’est-à-dire balloté entre son dégoût pour un protagoniste immoral (la scène où il bat sa femme pour la dernière fois est d’une violence inouïe) et sa compassion pour un père aimant, qui s’est laissé dépasser par les événements. Subtilement, on passe ainsi d’une narration distanciée à une histoire vécue par une enfant, forcément perturbée par les drames qui se jouent devant elle. Et c’est là que la grâce survient. En témoigne le dénouement, imprévisible et lumineux, qui fait l’effet d’une petite bombe émotionnelle au terme d’un film un peu froid.
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