© Epicentre Films
Au musée du Prado de Madrid est exposé Le jardin des délices de Jérôme Bosch (dit El Bosco), célèbre peintre néerlandais du XIVe siècle. Si ce tryptique peint sur bois recèle bien des secrets, il convoque également bien des interprétations...
En tentant d'évoquer à la fois l'histoire du tableau et la signification de chacun de ses panneaux, ce documentaire espagnol propose une analyse aussi captivante que par moments confuse. Certains reprocheront d'ailleurs à l'auteur de convoquer pour cela, à l'image de son ouverture (au Musée du Prado, équivalent madrilène de notre Louvres) une multitude de regards, pas forcément tous utiles ou pertinents. Défileront donc sous nos yeux de spectateurs et potentiellement amateurs d'art, des historiens, philosophes, conservateurs, religieux, artistes (chanteurs, peintres, dessinateurs contemporains), et même un neurochirurgien. D'autres pourront cependant y voir une manière d'affirmer que cette œuvre universelle, appartient bel et bien à tout le monde.
Reste que ces paroles croisées apportent un éclairage à la fois sur le contexte historique dans lequel a pu s'inscrire l’œuvre de Jérôme Bosch, replaçant en perspective la confrérie qu'il intégrera (et son acte d'indulgence datant de 1335), son changement de nom alors qu'il parvient à la célébrité (il s'appelait Jheronimus van Aken jusqu'en 1504), et le parcours géographique du tableau lui-même (son passage par l'Escorial en 1591 sous Philippe II et son lien avec la mort). Autour des significations possibles du tableau (le tryptique « création », « vie sur terre », « enfer »), le film évoque aussi l'interprétation symbolique de moult détails, comme les licornes (la sexualité ou la pureté), les fruits (le désir), arguant de la présence de tous les péchés dans sa partie centrale (et donc de l'humanité du projet).
Évoquant les changements de nom du tableau lui-même, de « La variété du monde » au « Jardin des délices » en passant par « L'arbousier », illustrant certains passages plus contemplatifs par des musiques savamment choisies, du « Plat pays » de Brel en néerlandais à Don Carlo de Verdi, José Luis Lopez-Linares aborde au final avec une certaine justesse le mystère de la création artistique et la modification des regards qui se posent sur une œuvre, au fil du temps.
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