© Bodega Films
Une femme se retrouve mystérieusement bloquée dans un chalet, un mur invisible l’empêchant de fuir. En pleine forêt autrichienne, elle doit désormais se débrouiller pour pouvoir survivre…
À l’origine, il y a le roman éponyme de Marlen Haushofer, bouquin qui hanta Julian Roman Pölsler durant des années, et c’est tout naturellement que celui-ci décida d’adapter cette œuvre pour son premier long-métrage. Durant sept longues années, il va travailler d’arrache-pied à la confection de son scénario, qui se veut être le plus fidèle possible au matériau originel. Adapter cette histoire d’une femme Robinson, prise au piège d’un mur invisible en plein cœur de la forêt autrichienne, constituait un véritable défi ; mais malheureusement, le contrat n’est rempli qu’à moitié.
Le destin de cette femme, emprisonnée par une force invisible, est le prétexte pour de nombreuses réflexions sur la vie, la mort, l’existence et la condition des êtres humains, ou encore la place de chacun dans une société. Dans une atmosphère semi-onirique, emplie de symbolique, une poésie indéniable transpire de l’écran, en particulier grâce à un magnifique travail sur la photographie. Alternant entre les silences d’une nature tantôt hostile, tantôt rassurante, et les notes de musique classique, le film développe une tension permanente, des bouffées anxiogènes venant attraper le spectateur. Néanmoins, à force de multiplier les plans contemplatifs, le cinéaste a oublié d’insuffler un véritable rythme à son projet atypique, l’énergie manquant cruellement pour enivrer véritablement le spectateur.
Sur un rythme soporifique, "Le Mur invisible" s’enferme progressivement dans l’univers qu’il a créé, fermant sa porte aux spectateurs, rendant le film ainsi profondément hermétique. Martina Gedeck (connue dans nos contrées principalement pour "La Vie des Autres") réussit pourtant une prouesse artistique époustouflante, mais en vain… La voix-off omniprésente – la protagoniste principale n’ayant aucune réplique, tous ses dires sont délivré par le biais de la voix-off – finit même par gâcher la poésie de l’image. Le poids des mots écrase alors la magie que voulait créer le réalisateur, et le réalisme méticuleux de la mise en scène finit par agacer. Certes, Pölsler nous livre une œuvre mystique et atypique, tout en parvenant à magnifier la nature, mais il oublie de convier le spectateur à ce voyage initiatique. Dommage…
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