Le dramaturge anglais David Hare parcourt Jérusalem, Ramallah et Naplouse afin de saisir les conséquences et les implications socio-politiques de ce vaste mur séparant l’Israël et la Palestine…
Ari Folman l’avait démontré avec brio dans "Valse avec Bachir" : la matière du documentaire animé et engagé peut se révéler des plus adéquate pour explorer une situation de conflit à des fins symboliques (toujours le seul moyen de tendre vers l’universel) et pour en traduire des revendications subversives par des audaces stylistiques que le filmage live rend impossibles. Le réalisateur canadien Cam Christiansen lui emboîte le pas avec "Le Mur", dont le lien stylistique – une animation en rotoscopie – et les choix narratifs – des entretiens zébrés de fulgurances oniriques – entretiennent de savants liens avec "Valse avec Bachir".
Toutefois, la comparaison s’arrête là. D’abord parce que le film impose un noir et blanc adéquat avec le ton morne et dépressif du contexte, faisant s’enchaîner des témoignages où le désenchantement d’une population se coltine un regard parfois inédit sur le conflit (l’existence de ce mur ne suscite pas que des regards négatifs chez certains). Ensuite parce que l’ajout de la couleur, intensifié dans un dernier quart d’heure d’une puissance assez explosive, agit ici comme une série de bombes à fragmentation capables de faire écrouler ce « mur de la honte ».
Sur le fond, le parallèle avec le mur de Berlin est très souvent exploité, et se révèle être un bon angle pour accompagner la plupart des témoignages. Quant aux flash-backs récurrents, on notera que Christiansen leur insuffle une tonalité très monochrome, altérant parfois les nuances de gris du dessin noir et blanc pour s’en tenir à des effets d’ombre et de variations chromatiques – grand moment terrifiant d’un attentat kamikaze en plein concert. Tout ceci participe aussi bien à une intensification du mémoriel qu’au développement d’un regard très subtil sur le conflit, avec le souci de ne juger aucun camp et de creuser le pourquoi du comment pour espérer un jour sortir de l’impasse.
On aura juste de quoi regretter un ton parfois assez sentencieux en voix-off de la part du dramaturge David Hare (qui n’hésite pas à se faire filmer dialoguant en mode BHL, affalé sur un banc !) ou quelques effets visuels très publicitaires dans l’âme où les paroles en off sont retranscrites sous formes de mots flashy à l’image. Rien, heureusement, qui puisse fragiliser la force évocatrice de cette nouvelle réussite en matière de documentaire animé.
LA BANDE ANNONCE
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais