© The Walt Disney Company France
Oscar Diggs est un magicien de bas Ă©tage qui tente de faire son trou parmi une troupe de cirque miteux en tournĂ©e dans un triste Kansas. ForcĂ© de fuir Ă bord dâune montgolfiĂšre, il est pris dans un violent cyclone qui lâenvoie au Pays dâOz, un monde merveilleux aux couleurs luxuriantes et peuplĂ© de crĂ©atures Ă©tonnantes. Les habitants dâOz le prennent pour le grand magicien de la lĂ©gende, censĂ© venir les dĂ©livrer des menaces dâune terrible sorciĂšre. Non content de se faire passer pour ledit magicien, il trouve lĂ lâoccasion de transformer sa vie mĂ©diocre en une existence faite de plaisir et de richessesâŠ
« Itâs not greatness, but itâs better : itâs goodness. » LittĂ©ralement : « Ce nâest pas de la grandeur, mais câest mieux : câest de la bontĂ© ». La phrase, prononcĂ©e par la sorciĂšre Glinda, peut rĂ©sumer Ă elle seule le nouveau film de Sam Raimi. Ă lâinstar de son personnage principal, « Le Monde fantastique dâOz » nâest pas sensationnel mais juste bon et plein dâexcellents sentiments â ce qui semble contenter tout le monde, dans lâunivers colorĂ© dâOz comme au sein des studios Disney. Dans la diĂ©gĂšse, la phrase sâadresse Ă Oscar Diggs, dit Oz, magicien de pacotille Ă peine capable de tirer un bouquet de fleurs dâun chapeau mou, hĂ©ros insupportable dâĂ©goĂŻsme et de mythomanie mais bourrĂ© de charme, moins menteur que bonimenteur. Les personnages font dâailleurs tout le sel de cette aventure fantastique qui lâaurait Ă©tĂ© bien moins â fantastique â sans la prĂ©sence dâun casting remarquable de sĂ©duction et de talent, entre un trio de sublimes actrices (Rachel Weisz, Michelle Williams et Mila Kunis) et, pour plaire Ă ces demoiselles pas farouches, James Franco qui Oz, qui Oz tout.
PrĂ©quelle au « Magicien dâOz » de L. Frank Baum, auquel le nom du cirque de la premiĂšre partie du film rend hommage, ce long-mĂ©trage se situe chronologiquement avant celui de 1939 signĂ© Victor Fleming, avec la pĂ©tillante Judy Garland dans le rĂŽle de Dorothy. Le scĂ©nario de Mitchell Kapner et David Lindsay-Abaire nous relate comment Oz, arrivĂ© par hasard dans le pays qui porte son nom, sâest installĂ© dans le palais de la CitĂ© dâĂmeraude, promettant aux voyageurs de rĂ©aliser leurs vĆux en projetant son image via des artifices dâillusionniste. TrĂšs basique dans son dĂ©roulement narratif, le film mĂšne Oz jusquâĂ la CitĂ© verdĂątre puis sur les chemins fantaisistes du pays, le long du chemin de briques jaunes, entre un village de porcelaine de Chine et une forĂȘt inquiĂ©tante, avec pour finalitĂ© de dĂ©barrasser les habitants de la mĂ©chante magicienne qui leur pourrit lâexistence. AccompagnĂ© dâun singe en tenue de groom capable de copier les yeux de merlan frit du Chat PottĂ© et dâune poupĂ©e de porcelaine rĂ©parĂ©e Ă la glue, Oz fait la dĂ©monstration de sa totale inaptitude Ă gĂ©rer une situation de crise. Câest lĂ , dans le caractĂšre de lâinsupportable (mais au final si sympathique) illusionniste que lâon adore dĂ©tester, que rĂ©side la principale qualitĂ© du film.
Pour le reste, entre la musique assez fade dâun Danny Elfman qui singe Danny Elfman et la mise en scĂšne quelconque de Raimi, « Le monde fantastique dâOz » ne sâimpose pas dâemblĂ©e comme une Ćuvre dâune parfaite cohĂ©rence dans lâunivers du cinĂ©aste. On est sans doute ici plus proche de la grandiloquence des « Spider-Man » que du gore cra-cra et amusant des « Evil Dead ». Il nâempĂȘche quâon pense rĂ©guliĂšrement au « Alice » foireux de Tim Burton (pour la dĂ©bauche dâeffets visuels aux couleurs bien vives, pour son scĂ©nario naĂŻf et sans envergure) ou, dans le meilleur des cas, Ă cette rĂ©ussite trop sous-estimĂ©e de Terry Gilliam quâest « LâImaginarium du Dr Parnassus », lâoriginalitĂ© en moins. Se croyant certainement inventif, Raimi enchaĂźne les poncifs intertextuels : contraste entre un Kansas rĂ©el en sĂ©pia et un pays dâOz aux coloris chatoyants (comme dans lâoriginal de Victor Fleming), passage de lâĂ©cran 4/3 au CinĂ©mascope au moment du franchissement des mondes (dĂ©jĂ vu, entre autres, dans le prologue de « La Blonde et moi » de Frank Tashlin), rĂ©flexion sur le pouvoir de lâimaginaire versus la rĂ©alitĂ© pragmatiqueâŠ
Parmi ces truismes traditionnels du 7e Art, il en est un, nĂ©anmoins, qui attire lâattention : lâusage que fait Oz des appareils prĂ©-cinĂ©matographiques comme le zootrope, produisant de fait une analogie entre la puissance magique et la facultĂ© dâillusion propre aux mĂ©caniques de projections dâimages de grand format. « LâIllusionniste » de Neil Burger mettait dĂ©jĂ en scĂšne ce rapprochement avec beaucoup dâintelligence et câest lĂ , peut-ĂȘtre, quâon retrouve un peu de la personnalitĂ© de Sam Raimi, dans cette dĂ©claration dâamour faite au pouvoir imaginatif, poĂ©tique et inventif du cinĂ©matographe. Si « Oz » ne devait avoir quâune ambition, en dehors de la volontĂ© de plaire aux enfants, ce serait pour le moins de rendre hommage aux outils qui rendent possible la crĂ©ation dâun tel long-mĂ©trage.
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