© Warner Bros. France
Après l'affrontement avec Azog et l'intervention des Aigles, Bilbon, Gandalf et les nains poursuivent leur chemin vers la cité naine d'Erebor pour en déloger le dragon Smaug...
Les seconds volets d’une trilogie, c’est toujours un peu délicat : pas vraiment de début, pas vraiment de fin, des enjeux qui se précisent, de nouveaux lieux et personnages à introduire, et une montée en tension devant mener au troisième et dernier épisode. En ce sens, "Les Deux Tours" avait fait office, il y a dix ans, de cas d’école, tant Peter Jackson et son équipe parvenaient à contourner la difficulté, pour offrir un film unique, à la croisée des chemins, développant les aspects les plus sombres du premier opus tout en anticipant l’énormité du spectacle à venir dans la conclusion. À la vision de cette "Désolation de Smaug", on peut légitimement se dire que le pari est à nouveau réussi. Et comment !
À bien y regarder, ce second épisode de la trilogie du "Hobbit" ressemble beaucoup au cinéma le plus décomplexé de Steven Spielberg, sa frénésie d’aventure, son rythme trépidant et sa construction en crescendo rappelant parfois "Indiana Jones et le temple maudit" ou "Les Aventures de Tintin". Mais au-delà du plaisir pur éprouvé à la vision de morceaux de bravoure aussi jouissifs que l’évasion en tonneaux, et sa chorégraphie hallucinante magnifiée par la partition incroyable d’Howard Shore (le totalement épique The Forest River), ou le passage dans la forêt de Mirkwood avec les araignées, il est évident que toutes les péripéties concoctées par le cinéaste n’ont d’autres buts que d’amener ses personnages, et les spectateurs, au point culminant du film, celui que tous les amateurs de Tolkien et du genre attendent depuis l’annonce du projet, et qui dévoile enfin LA star incontestée du film : le dragon Smaug.
Silhouette dévastatrice lors du prologue d’"Un voyage inattendu", entraperçu fugacement dans la bande-annonce, Smaug se taille la part du… dragon, attraction principale d’une dernière demi-heure de film qui tient parfois du jamais-vu en matière de fantasy cinématographique. Imposant, véloce, d’une beauté à couper le souffle, porté par le timbre de voix si particulier de Benedict Cumberbatch, Smaug est au centre des séquences les plus mémorables du film, d’une joute verbale passionnante avec Bilbon (insistant délicieusement sur l’égocentrisme dangereux de la Bête) à son envol final, en passant par une course-poursuite dantesque dans les cavernes des Nains aux idées toutes plus incroyables les unes que les autres (la statue en or !). Un personnage tellement imposant qu’il empiète, parfois, sur les autres, au point de rendre certaines sous-intrigues (Gandalf face au Nécromancien, l’Elfe Tauriel au secours des Nains, Bard et son héritage), pourtant essentielles au développement de l’intrigue (et pleines de passages fabuleux), à peine moins enthousiasmantes.
De menus défauts, auxquels on ajoutera le traitement de l’homme-ours Beorn, fabuleux mais sacrifié par la narration, qui seront à n’en point douter corriger par la version longue à venir, mais qui n’entachent en rien le plaisir éprouvé à la vision d’un film aussi spectaculaire que généreux. Un spectacle total, aux images incroyablement évocatrices, et qui se termine sur la promesse d’un troisième épisode riche en émotions fortes et en tragédies épiques, conséquences obligatoires de la colère d’un dragon blessé dans son ego. And I see fire…
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