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Dans la petite ville sans intérêt de Sommerton, à la frontière mexicaine, le shérif Ray Owens profite d’avoir laissé les ennuis loin de lui après quinze ans dans la fournaise de la police de Los Angeles. Mais c’est sans compter sur le nouveau baron mexicain de la drogue, un dénommé Carlos Gomez, plus méchant que tous ses prédécesseurs réunis, qui vient de s’échapper des mains du FBI et qui fonce vers Sommerton dans le but de franchir le Rubicon...
« I’ll be back ! » Il avait juré de revenir. Après avoir tâté de la politique pour deux mandats en tant que gouverneur de Californie, Schwarzie retrouve les joies d’un rôle principal au cinéma, une première depuis « Terminator 3 » en 2003. Il s’était bien permis quelques apparitions succinctes chez les copains – un clin d’œil dans « Expendables », puis une présence plus franche dans sa suite l’année dernière –, tout en essayant de se défaire tant bien que mal des scandales familiaux révélés par la presse américaine. Hollywood lui redonne sa chance, et « Le Dernier rempart » a tout d’un manifeste du retour aux affaires de Monsieur Univers.
C’est évidemment par le biais du cinéma d’action que « Governator » a choisi de casser une nouvelle fois la baraque. Schwarzie endosse le rôle – si peu original, mais taillé sur mesure –, d’un flic sur le retour, ancien agent spécial des stups à Los Angeles, qui a choisi de délaisser la grande ville pour un coin bien paumé, bien tranquille, de l’Arizona. Il existe sans doute bled plus inintéressant que Sommerton, mais il faudrait chercher loin. Un diner où se réunissent les croulants du coin, quelques bâtisses miteuses, un commissariat grand comme un placard à balais, et une équipe de foot locale qui, ce week-end, doit enfiler des kilomètres de route pour aller affronter un adversaire bouseux quelque part dans le désert, emmenant, par la même occasion, la majorité de ce que le village comprend d’habitants. Le plaisir de Sommerton, c’est qu’on sait d’avance tout ce qui va arriver. Et c’est précisément ce que recherche Ray Owens pour ses vieux jours.
L’intérêt d’un tel film ne réside évidemment pas dans son scénario convenu, dont n’importe quel spectateur s’avère capable de prédire les virages à plusieurs centaines de kilomètres de distance. C’est du côté de l’efficacité et du casting qu’il faut lorgner. Outre Schwarzie, dont l’accent inimitable résonne avec bonheur à nos oreilles, et les vilains qui se dressent contre lui (Eduardo Noriega et Peter Stormare en apesanteur), on peut compter sur Jaimie Alexander en fliquette courageuse, Forest Whitaker en insupportable agent du FBI, l’inénarrable Luis Guzman et le farfelu de la bande, interprété par Johnny Knoxville. Ces personnages hauts en couleurs viennent apporter les liens sociaux, l’amitié et l’humour indispensables à ce genre de production. Quant à l’efficacité, nous voilà servis : des bolides qui foncent, des fusillades qui crépitent, des agents fédéraux qui trahissent et des rednecks stupides qui deviennent de vrais-faux héros. Ceux qui rejettent totalement l’analogie entre cinéma et foire du trône cracheront dans la soupe, mais les fans de l’actioner des années 80 s’amuseront comme des petits fous, après la relève assurée ces dernières années par les biens nommés « Expendables ».
Pour pouvoir se vanter d’avoir bien fait les choses, le studio s’en est allé chercher le sud-coréen Kim Jee-woon – réalisateur remarqué de « Deux sœurs », « Le Bon, la brute et le cinglé » et récemment l’intransigeant « J’ai rencontré le diable ». Une façon, sans doute, de rameuter un maximum de jeune public dans les salles, en réunissant l’ancienne grande star du cinéma d’action et le représentant d’une cinématographie en pleine expansion. Pour autant, « Le Dernier rempart », bien que réussi dans son genre, manque furieusement de cette personnalité asiatique que l’on se serait attendu à voir. Et la présence de son compositeur Mowg n’y change pas grand-chose. Rien ne distingue cette sympathique production de n’importe quelle autre du même type. Au moins Kim Jee-woon se sera-t-il fait la main sur une sympathique production américaine, avant de s’en retourner chez lui réaliser d’autres brûlots sanglants.
Kim Jee-woon était de toute façon trop malin pour se faire des idées quant à la propriété symbolique de ce film, qui était indubitablement celle d’Arnold Schwarzenegger. Dans « Le Dernier rempart », tout est fait pour ouvrir un boulevard à Schwarzie, de Sacramento (capitale de l’État de Californie, et siège du gouverneur) jusqu’à Hollywood. Le scénario d’Andrew Knauer, Jeffrey Nachmanoff et George Nolfi peut même se lire comme un manifeste tout entier consacré à l’ex-Monsieur Muscle (Schwarzenegger l’écrit d’ailleurs lui-même dans son autobiographie, Total Recall). Le policier qui cherche à changer de vie et se retrouve plongé, de nouveau, dans le feu de l’action : c’est lui. Le vieux croulant, aimé de ses proches à Sommerton mais méprisé par les plus jeunes (l’agent du FBI cherche à l’écarter de son affaire et le méchant, Carlos Gomez, l’appelle « grand-père » avant le duel final), montrant qu’il est encore capable d’affronter seul une quantité de balafrés : c’est lui aussi. « Le Dernier rempart » ne cesse de marteler le poids et l’influence du personnage et de l’acteur, annonçant, par le biais de la métaphore, le retour en force d’un Schwarzie plus en forme que jamais, malgré son extérieur vieillissant. « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort », rappelait la citation de Nietzsche placée en incipit de « Conan le Barbare ». Schwarzie ne meurt jamais dans ses films, et cela le rend toujours plus fort pour la production suivante !
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